Les éditeurs français s’organisent pour contrer ce rapprochement que Bruxelles va étudier de très près.
Depuis Paris, la résistance du monde de l’édition s’organise pour contrer le projet de fusion d’Editis (Vivendi) et d’Hachette Livre (Lagardère). Éditeurs, distributeurs, libraires et grossistes abattent leurs premières cartes, à coups de tribunes collectives dans les médias, de réunions secrètes et d’échanges confidentiels avec Bruxelles. «La façon dont Vincent Bolloré tente d’expliquer qu’il faut créer un champion européen pour faire face aux Gafam est absurde, martèle Antoine Gallimard. L’enjeu n’est pas là pour l’édition. Il est plus civilisationnel, avec l’idée qu’une partie du lectorat se détourne des livres pour privilégier les divertissements sur les écrans».
Le PDG du groupe Madrigall (Gallimard, Flammarion, Les Éditions de Minuit) s’affiche en chef de file des opposants à la fusion, aux côtés de Vincent Montagne, président de Média Participations (Le Seuil, Dargaud) et du Syndicat national des éditeurs (SNE), qui représente 720 maisons d’édition. «Je me sens responsable de la non-distorsion de concurrence sur le marché de l’édition, explique-t-il. Là où la stratégie de croissance de Vivendi est bonne pour l’international, l’obésité du groupe dans l’Hexagone ne peut jamais être une bonne manœuvre.» De son côté, la vice-présidente du SNE, Liana Levi, à la tête de la maison d’éditions éponyme, défend les intérêts des petites structures. «Beaucoup m’ont exprimé leur désir d’entreprendre une démarche commune auprès de la Commission européenne», confie-t-elle…