VPK, le fabricant belge de papier-carton est entré le 4 juin en négociations avec son confrère thaïlandais Double A pour le rachat de son site d’Alizay (Eure) qui fabrique du papier de bureau. Le coup est rude pour ceux qui espéraient une reprise de Chapelle Darblay, près de Rouen, par VPK.
L’usine en difficulté du papetier thaïlandais Double A à Alizay (Eure), qui produit du papier de bureau avec 175 salariés, devrait être transformée en un site de production de papier pour ondulé – 450.000 tonnes par an – pour le marché en pleine effervescence de l’emballage carton.
Le groupe belge VPK, spécialiste du papier-carton (1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires avec 6.500 salariés), est entré en négociation vendredi 4 juin avec Double A pour le rachat du site qui possède une grosse machine à papier. Le projet de VPK comprend l’installation d’une « onduleuse » permettant la fabrication d’emballages en carton ondulé, mais pas l’unité « Bioenergie Alizay », qui produit de l’électricité à partir d’une chaudière biomasse.
Marché britannique
« Nous unissons nos forces pour transformer le site en un modèle d’économie circulaire », indiquent Double A et VPK dans un communiqué. Bioenergie Alizay alimentera en vapeur la production de carton ainsi que la production de pâte à papier désencrée « Inova Pulp & Paper ». Cette société a été créée par le propriétaire d’une société iranienne de recyclage de papier et de pâte à papier (2.000 salariés).
Le groupe VPK, qui cherchait à accroître ses capacités de production en particulier pour le marché britannique, s’était d’abord intéressé au site du papetier UPM à Shotton, au Royaume-Uni. Avant d’étudier les sites normands de Double A et de Chapelle Darblay (groupe UPM), fermée depuis juin 2020 mais maintenue en état de marche par UPM jusqu’au 30 juin 2021.
Mais VPK n’a jamais déposé d’offre de reprise ferme auprès du groupe UPM. Même après que l’Etat, la région Normandie et la métropole de Rouen se sont engagés à le soutenir financièrement en cas de reprise. Le moindre coût de l’énergie chez Double A et la présence des salariés sur le site auraient joué en faveur de l’usine d’Alizay.
« L’annonce de VPK sauve le site de Double A, qui devait cesser sa production de papier de bureau en 2022 », explique-t-on au ministère de l’Industrie. « VPK a fait ses arbitrages en acteur libre en examinant le site de Chapelle Darblay et celui de Double A. » Désormais, prévient le ministère, « il sera difficile pour deux projets d’usines de papier-carton de coexister à quelques kilomètres de distance ».
Offres nouvelles
Pas d’accord, répondent les élus communistes de Seine-Maritime, dont Arnaud Levitre, maire communiste d’Alizay, et Sébastien Jumel, député PCF de Seine-Maritime et tête de liste à l’élection régionale. Ils affirment dans un communiqué que la fabrication de carton par Double A peut être « complémentaire et non concurrente » de celle de Chapelle Darblay. « C’est une excellente nouvelle pour l’industrie papetière, mais elle a un goût amer pour nous », reconnaît Arnaud Dauxerre représentant sans étiquette du collège cadres au CSE d’UPM France, qui, avec deux élus de la CGT, milite pour la reprise de Chapelle Darblay.
A quelques jours de la date butoir du 30 juin 2021, Daniel Schwab, président du conseil de surveillance d’UPM France, confie aux « Echos » avoir reçu « deux offres fermes » pour la reprise de Chapelle Darblay. L’une pour un projet de fabrication de sacs en papier. L’autre est portée par un binôme, Samfi Invest et Paprec, pour une activité de production d’hydrogène par électrolyse de l’eau (avec de l’électricité fournie par le réseau électrique) et une activité de tri de déchets papiers et plastiques.