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Le newsmagazine américain « Time » repasse au gratuit en ligne

Le titre, racheté par le patron du géant du logiciel Salesforce, va à rebours du chemin emprunté par la plupart des grands éditeurs de presse. Malgré un contexte publicitaire difficile, il décide d’élargir et de mieux monétiser ses audiences.

« Nous croyons dans la démocratisation des contenus. » A contre-courant de ce que font la plupart des grands éditeurs de presse anglo-saxons, la directrice générale du « Time » a décidé que le newsmagazine repassera au gratuit en ligne.Alors que les « pure players » américains de l’info en ligne ( BuzzFeed , Vice, etc.) réduisent la voilure et que la conjoncture publicitaire est difficile, le choix de « Time » – qui vient de fêter son centenaire – détonne. Selon sa patronne, Jessica Sibley, l’objectif est de faire rayonner la marque et d’accroître les audiences sur le Web. « Il est vraiment important de rajeunir et diversifier nos audiences dans le monde entier », a-t-elle déclaré jeudi au jeune média américain Axios.

Nouveau directeur de la rédaction

Pas un hasard donc si « Time » vient de nommer un nouveau directeur de la rédaction, Sam Jacobs. Ce trentenaire est le plus jeune journaliste à occuper ce poste depuis les cofondateurs Henry Luce et Britton Hadden. Tout un symbole. Lancé en 1923 avec 86.000 dollars, « Time » a incarné avec « Life » et « Fortune » le prototype du newsmagazine et sera pendant des décennies un modèle pour beaucoup de titres aux Etats-Unis et en Europe.

Avec la suppression du « paywall », la volonté est celle de mieux monétiser les contenus financés par la publicité sur le site, l’appli ou sur les réseaux sociaux. Tous les contenus y compris les archives seront gratuits ! L’éditeur de « Time » veut coller le plus possible aux comportements des consommateurs, explique la dirigeante, sans toutefois donner plus de précisions. Par ailleurs, selon Axios, « Time » va aussi continuer à beaucoup miser sur ses activités dans l’événementiel.

250,000 abonnés numériques

Racheté en 2018 pour 190 millions de dollars (172,52 millions d’euros) par le patron de Salesforce, Marc Benioff, et son épouse, « Time » compte toujours 1,3 million d’abonnés à sa version papier, mais le titre – qui a introduit son « paywall » en 2011 – a beaucoup tâtonné dans sa stratégie numérique et n’est jamais vraiment parvenu à élargir sa base de fidèles en ligne. Le célèbre newsmagazine n’a que 250.000 abonnés numériques alors que le « New York Times » , leader en la matière, revendiquait 8,8 millions d’abonnements uniquement numériques fin 2022 (hors The Athletic).

Concrètement, « Time » va donc arrêter son « paywall » à partir du 1er juin. Mais le PDF de son édition papier sera aussi disponible – et restera payant – sur les kiosques numériques.L’an dernier, son chiffre d’affaires tournait autour de 200 millions de dollars, dont environ un quart grâce à Time Studios, sa branche qui produit films, documentaires et séries. Quant à l’éditorial, selon Axios, « Time » devrait plutôt s’en tenir à sa partition habituelle en gardant un accent particulier sur des sujets tels que climat, la santé et la politique.

 

Lire : Les Echos du 27 avril

 

Jean-Philippe Behr

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