Rachat des parts de Prisa par Pigasse et Kretinsky : un « acte hostile » pour la Société des rédacteurs du Monde
La holding Le Nouveau Monde a annoncé être entrée en négociations exclusives pour racheter les parts du groupe de presse espagnol dans le Groupe Le Monde.
La holding Le Nouveau Monde (LNM), détenue par Matthieu Pigasse et son associé Daniel Kretinsky, a confirmé les informations sur ses négociations avec le groupe Prisa portant sur le rachat des parts détenues par Prisa dans Le Monde libre – la société actionnaire majoritaire du Groupe Le Monde*. Cette nouvelle est d’autant plus préoccupante qu’elle fait suite aux conditions opaques dans lesquelles s’est opérée l’entrée brutale de Daniel Kretinsky dans LNM, révélée en octobre 2018. Elle suscite une vive inquiétude dans la rédaction du Monde.
LNM affirme dans un communiqué agir « dans le seul intérêt du Groupe Le Monde ». Cette démarche menée sans concertation ne peut pourtant être interprétée par la Société des rédacteurs du Monde (SRM) que comme un acte hostile. Ce dernier est contraire à l’esprit du pacte que nos actionnaires, dont Matthieu Pigasse, ont signé en 2010 avec le Pôle d’indépendance, qui rassemble les sociétés des personnels, des lecteurs et les actionnaires minoritaires.
Si elle est avant tout symbolique et ne change pas la gouvernance du Groupe Le Monde, l’opération de rachat des parts de Prisa vient également en totale contradiction avec les intentions affichées publiquement par Daniel Kretinsky de « ne pas [s’]imposer ». Ce dernier se présente comme « un homme de compromis et de consensus » ? La démarche révélée lundi montre le contraire.
En octobre 2018, devant l’émotion suscitée au sein du Groupe Le Monde par l’arrivée de Daniel Kretinsky, les deux actionnaires contrôlants, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, ont chacun confirmé, par écrit, leur accord sur l’octroi d’un droit d’agrément au Pôle d’indépendance. Ce dernier aurait ainsi le pouvoir de se prononcer sur l’arrivée d’un nouvel actionnaire majoritaire.
Après des mois de négociations, la Société des rédacteurs du Monde ne peut plus se satisfaire des déclarations d’intention de la part de Matthieu Pigasse. Elle lui demande désormais d’agir, sans délai, pour concrétiser l’engagement pris à l’automne.
Motion de la SRM adoptée lors d’une réunion le 17 juillet.
*Le Monde libre est actuellement codétenu par Xavier Niel et Matthieu Pigasse, seuls à avoir un pouvoir de contrôle, ainsi que l’ayant-droit de Pierre Bergé et Prisa.