En retard dans sa transition numérique et frappé par la hausse des coûts du papier et de l’énergie, le « Midi Libre », basé à Montpellier, va devoir réduire ses effectifs. Un plan de départ volontaire visant 45 postes est envisagé.
Après la « Voix du Nord » il y a un mois, un autre titre phare de la presse quotidienne régionale, le « Midi Libre », va lui aussi devoir diminuer ses effectifs. Une démarche « incontournable » en raison d’une situation économique « très dégradée », a écrit le directeur général, Jean-Benoît Baylet, à l’issue d’un comité social et économique (CSE) extraordinaire, dans un courriel adressé aux salariés que l’AFP s’est procuré. Les représentants du personnel sont invités à entamer des discussions dès la semaine prochaine.
Alors qu’une centaine de postes sont visés par le plan social de « La Voix du Nord », la direction du « Midi Libre » privilégie l’option d’un plan de départs volontaires pour 45 postes, tous services confondus. Pour autant, rien n’est encore acté, et « plusieurs dispositifs plus ou moins contraints sont envisageables », selon le courrier. Après son rachat en 2015 par le groupe La Dépêche du Midi, le journal avait déjà réduit la taille de sa rédaction, passée de 186 à 150 journalistes en 2019, d’après un article du « Monde ».
Revenir dans le vert en 2024
Cette démarche s’inscrit dans le cadre plus large d’un « projet de transformation globale » visant à rétablir l’équilibre économique, présenté lors du même CSE. Ce dernier inclut « une réduction importante » des charges avec, outre la baisse des effectifs, l’optimisation des dépenses courantes et des frais de fonctionnement.
Il prévoit aussi un « plan ambitieux de développement des revenus digitaux ». Ils atteignent 3,6 millions d’euros cette année, mais leur croissance, plus lente que prévue, ne compense pas la baisse du chiffre d’affaires. La diffusion totale payée, quant à elle, a fondu de 18 %, avec 79.000 exemplaires en juin 2022 contre 96.000 en 2018, selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ACPM).
A la baisse des recettes de la diffusion et de la publicité (respectivement -8 et -2 millions d’euros en quatre ans), s’est ajoutée l’explosion des coûts de l’énergie et du papier. Le prix de la tonne a plus que doublé par rapport au début de l’année 2021. Ce n’est pas l’aide exceptionnelle de 5 millions d’euros, accordée par un amendement au projet de loi de finances pour l’ensemble des éditeurs de presse d’information politique et générale, qui suffira à équilibrer les comptes.
Prendre le taureau par les cornes
Le plan doit permettre un retour à un résultat positif dès 2024. Pour 2022, en revanche, le titre anticipe un déficit (avant revenu hors exploitation) de 1,6 million d’euros et 2,8 millions d’euros en 2023, selon l’AFP. Pour revenir dans le vert, la direction du journal a choisi de prendre le taureau par les cornes. « A ‘Midi Libre’, on préfère anticiper que subir, quitte à affronter des mouvements sociaux, la marge positive doit être préservée », commente le banquier d’affaires Jean-Clément Texier, fin connaisseur du secteur.
Le président de Ringier France remarque d’ailleurs une forme de continuité entre cette politique et la « gestion sans concession » de l’ancien PDG, Bernard Maffre. A quatre-vingt-deux ans, ce dernier a pris sa retraite en juin dernier, laissant la direction générale du « Midi Libre » à Jean-Benoît Baylet, le fils cadet du PDG de la maison mère La Dépêche du Midi, Jean-Michel Baylet. Six mois après sa nomination, le jeune dirigeant, qui occupait déjà le poste de directeur général du groupe, donne le ton.
Lire : Les Echos du 9 décembre