Après la fin de sa publication papier fin septembre, la rédaction de Causette a annoncé que le titre a été placé en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris.
Les désillusions ne cessent de se multiplier. Le média féministe « Causette », qui a déjà mis un terme à sa publication mensuel papier à l’automne dernier, a été placé en liquidation judiciaire. Le couperet est tombé le jeudi 6 juin dernier et a été annoncé par le tribunal de commerce de Paris.
Le média en ligne L’Informé a dévoilé l’information le jour même, avant que la rédaction du média ne la confirme ce lundi 10 juin. Selon un texte publié sur le site, les salariés de « Causette » « cherchent un repreneur » pour « renaître au plus vite ». La rédaction confirme aussi mettre en pause toute poursuite d’activité : « Depuis cette date, le site n’est donc plus mis à jour, et le travail des salarié [e] s a pris fin. »
« Causette va se battre »
Un coup dur pour ce média féministe fondé en 2009 par Grégory Lassus-Debat. Le magazine avait déjà été repris en 2018, après une première liquidation judiciaire, par le groupe Hildegarde (également propriétaire des magazines spécialisés dans le cinéma, « Le Film français » et « Première »), qui « avait déposé le bilan de Causette média le 22 mai, espérant un redressement judiciaire ». Pour rappel, le magazine féministe avait annoncé à la fin de septembre qu’il devenait un média 100 % en ligne.
Le titre a pu, en huit mois, « se déployer numériquement, entraînant un enthousiasme renouvelé sur son site comme sur ses réseaux sociaux », assure-t-il lundi, regrettant « d’avoir manqué de temps et de moyens pour pérenniser les choses ». De fait, la direction du magazine espérait voir ses abonnements augmenter de 5 % avec le passage au tout numérique. Directrice de la rédaction, Christine Turk justifiait alors ce choix par la hausse du prix du papier, avec un surcoût estimé à 150 000 euros pour la seule année 2023.
Ne pas pouvoir travailler dans le contexte politique actuel, avec le raz-de-marée que constitue la large victoire du Rassemblement national aux Européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale, est une déception au sein de l’équipe : « Nous sommes persuadé [es] que Causette est indispensable dans le paysage médiatique français de par son impertinence, son progressisme, son féminisme (…), d’autant plus au moment où l’extrême droite réalise des scores historiques aux élections et s’impose toujours plus dans le champ médiatique. »
La rédaction de Causette en a profité pour réaffirmer sa volonté de « se battre pour trouver » un repreneur ou une repreneuse « pour s’engager à ses côtés et renaître au plus vite », précise la rédaction dans son annonce. En attendant, les salariés du média féministe ont décidé de passer l’ensemble de Causette.fr en accès libre.