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Le marché français de l’édition redescend sur terre

Le secteur de l’édition a reculé de 5 % sur un an lors des six premiers mois de l’exercice en cours, à 1,64 milliard d’euros, selon GfK Market Intelligence France. Mais par rapport au premier semestre de l’année 2019, l’industrie affiche une croissance de 15 %. Sur les trois années écoulées, le grand vainqueur est le segment de la BD, porté par le souffle des mangas.

C’en est bel et bien fini de la période dorée pour le marché français de l’édition qui en conserve tout de même de belles couleurs. Après une année 2021 record, le secteur a reculé de 5 % (sur un an) lors des six premiers mois de l’exercice en cours, à 1,64 milliard d’euros, selon GfK Market Intelligence France. Mais par rapport au premier semestre de l’année 2019, l’industrie affiche une croissance de 15 %, un niveau des plus solides pour un marché oscillant, depuis des décennies, entre infimes hausses et baisses tous les ans.

« L’activité économique du marché de l’édition retrouve une certaine normalité car les gens ont pu retourner au cinéma, aux théâtres et voyager davantage ces derniers mois, fait valoir Pierre Dutilleul, directeur général du Syndicat national de l’édition. La baisse des six derniers mois, par rapport à 2021, n’est qu’un rattrapage logique ». Dans le détail, les segments du scolaire, du parascolaire ou des loisirs/vie pratique sont les perdants du semestre écoulé avec des baisses respectives de ventes, en volume, de 19 %, 15 % et 15 %.

A contrario, les ouvrages classifiés en tourisme et voyage ont logiquement rebondi de 63 % sur un an – bénéficiant de l’allégement des restrictions de déplacement ces derniers mois – mais affichent une perte de 25 % par rapport à la même période en 2019. Entre janvier et juin 2022, le segment des Beaux-Arts affiche, lui, une hausse moins spectaculaire (+17 %) sur un an, mais s’établit dans le vert (+9 %) par rapport à 2019.

Le manga pèse 11 % du marché

Sans conteste, le grand vainqueur sur les trois années écoulées est le segment de la BD, dont les quantités vendues ont décollé de 83 %, en volume, sur la période (et de +5 % sur un an), porté par le souffle des mangas qui sont, eux, en hausse de 168 % par rapport au premier semestre 2019. En volume, sur les 38 millions de BD vendues lors des six derniers mois, 23 millions d’unités sont des mangas, soit une proportion de 60 %.

« Le manga pèse 11 % du marché en valeur, c’est plus que le segment des sciences humaines et techniques, met en perspective Eric Lafraise, directeur des relations extérieures chez Cultura. Et c’est un vecteur très important car ce format contribue à amener les jeunes vers la lecture alors que de moins en moins s’y adonnent. »

Mercredi, le secteur a pu se réjouir de l’annonce – par la Première ministre, Elisabeth Borne, lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale – de la volonté du gouvernement d’étendre le Pass Culture – surnommé « Pass Manga » tant ses jeunes utilisateurs ont consacré leur enveloppe financière à en acheter ces derniers mois – en le rendant accessible dès la sixième, contre la quatrième à l’heure actuelle.

Vers une rentrée littéraire plus modérée

« Les Français continuent à acheter d’abord des romans : le segment ‘Fiction moderne’ est toujours le premier du marché en nombre d’exemplaires vendus et génère deux fois plus de chiffre d’affaires que le manga », resitue Pauline Delay, consultante chez GfK Market Intelligence.

Reste que c’est bien le marché de l’édition dans son ensemble qui est actuellement agité de soubresauts. Crise du papier, interrogation quant à la répercussion sur les prix du livre, dynamique commerciale enrayée, tensions économiques et année présidentielle lors de laquelle les Français lisent traditionnellement moins : ce cocktail semble avoir incité les éditeurs à une relative prudence.

Pour la prochaine rentrée littéraire, qui reste un moment majeur pour l’industrie, « seuls » 490 romans sont ainsi au programme, selon « Livres Hebdo ». Contre 521 en 2021 ou 646 il y a dix ans. Parmi les locomotives attendues : les nouveaux romans de Virginie Despentes (« Cher connard »), Amélie Nothomb (« Le livre des soeurs »), Olivier Adam (« Dessous les roses ») ou Guillaume Musso (« Angélique »). « Etant donné le contexte, les éditeurs lancent un peu les productions à l’aveugle en ce moment, note Pierre Dutilleul. Mais tout le monde est dans les starting-blocks pour la rentrée littéraire. »

 

Lire : Les Echos du 13 juillet

 

Jean-Philippe Behr

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