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Le marché français de la BD et du manga en recul pour la seconde année d’affilée

En 2023, ce segment du marché de l’édition a vu ses ventes baisser de 11 % en volume. Une panne qui intervient après plusieurs années où la croissance a tourné à plein régime. L’année 2023 représente ainsi la troisième meilleure performance historique de la BD, après l’exercice 2022 et le record de 2021.

La photographie du marché français de la bande dessinée au sens large (mangas, comics, BD jeunesse et BD de genre) diffère grandement selon que celle-ci est scrutée à la loupe ou avec du recul. Avec un peu de perspective, l’année 2023 représente la troisième meilleure performance historique de la BD, après l’exercice 2022 et le record de 2021.

Mais de fait, le secteur de la BD vient d’enregistrer un second exercice d’affilée en baisse avec un recul plus marqué que lors de l’année 2022. L’an dernier, celui-ci a vu ses ventes se courber de 11 % en volume, sur un an, à 75 millions d’unités, selon le bilan annuel dressé par GfK Market Intelligence France, en partenariat avec le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême qui a ouvert ses portes ce jeudi. Entre 2021 et 2022, cette chute avait été de 3,3 %.

En valeur, le recul est plus amorti en raison de la hausse des prix sur les trois piliers du marché, à savoir le manga (+6 % en moyenne), la BD jeunesse (+3 %) et la BD de genre (+3 %). Résultat, le marché s’est établi à 877 millions d’euros l’an passé, soit un recul de 5 % par rapport à l’exercice 2022 pendant lequel la baisse avait été de 0,4 % sur un an. En 2023, la BD a pesé pour 20 % du marché global de l’édition qui a lui légèrement reculé, par rapport à 2022, en volume (-4 %, à 351 millions de livres) et en valeur (-1 %, à 4,3 milliards d’euros).

L’essoufflement des « séries millionnaires »

Moteur du marché de la BD ces dernières années avec des croissances annuelles à deux et même parfois trois chiffres – le marché a doublé en 2021 ! -, le manga a vu son volume de ventes dégringoler de 18 % en 2023 (à près de 40 millions d’unités, soit toujours plus d’une BD vendue sur deux).

En valeur, le recul est de 13 %, à 331 millions d’euros ; un niveau encore deux fois supérieur à celui de 2019 (+130 %). Cette panne s’explique notamment par la fin ou l’essoufflement de ce que GfK nomme les « séries millionnaires », soit les mangas les plus populaires tractant le marché : par exemple, « Demon Slayer » ou « L’Attaque des Titans » ont tiré leur révérence il y a peu.

Les succès d’Astérix et de Gaston Lagaffe

A l’inverse, la BD jeunesse affiche une croissance en volume (+7 % sur un an, à 17 millions d’unités) et en valeur (+10 %, à 203 millions d’euros). Une performance à nuancer car ce pan du secteur a été porté par les sorties du 40e tome d’Astérix et du 22e album de Gaston Lagaffe , de retour en librairie après vingt-sept ans d’absence. L’an dernier, « L’Iris blanc » et « Le retour de Lagaffe » ont ainsi été les deux meilleures ventes de l’année avec respectivement plus de 1,6 million et près de 500.000 exemplaires vendus à fin décembre. Sans eux, la BD jeunesse aurait accusé un recul de -7 % en volume et de -3 % en valeur par rapport à 2022.

De son côté, la BD de genre a enregistré une baisse modérée en valeur (-1 %, sur un an, à 302 millions d’euros) et en volume (-4 %, à 16 millions d’unités). Le constat est plus rude pour les comics, un segment qui demeure marginal en France, économiquement parlant. Ces derniers viennent de vivre « leur seconde plus mauvaise année de la décennie », d’après GfK. Ce qui se traduit par un effondrement de 37 % des ventes en volume (2,4 millions d’exemplaires) et une décroissance de 19 % en valeur (40 millions d’euros). Même les super-héros ont parfois de gros coups de mou.

 

Lire : Les Echos du 25 janvier

 

Jean-Philippe Behr

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