À son lancement en 2007, le livre numérique était annoncé comme la grande révolution du marché de l’édition. Pourtant, plus d’une décennie plus tard, il peine encore à convaincre.
Pour cette nouvelle rentrée littéraire, 524 romans sont à découvrir dans les allées des librairies… ou dans les rayons virtuels des plateformes de vente de livres numériques.
L’enjeu de ces grands rendez-vous est important pour le milieu de l’édition, en berne ces dernières années. Le chiffre d’affaires des éditeurs est en effet passé de 2 792 millions d’euros à 2 670 millions en 2018 (-4,38% en un an), selon le dernier rapport du Syndicat national de l’Édition (SNE). Et le nombre d’exemplaires vendus est passé de 430 millions à 419 millions en 2018 (-2,52%).
Dans ce contexte compliqué, le livre numérique (ou e-book) tire quand même son épingle du jeu avec un chiffre d’affaires des ventes de 212,6 millions d’euros réalisé en 2018 (+5,1% en un an), qui représente 8,42% du chiffre d’affaires total des ventes de livres des éditeurs.
En 2018, 22 % des Français déclaraient d’ailleurs avoir déjà lu un livre numérique, contre 20% l’année précédente. Et 6 % envisageaient de le faire (*).
Malgré ces chiffres en légère croissance année après année, le e-book reste marginal à côté du mastodonte du livre imprimé. Dans son étude publiée en mars dernier, le cabinet GfK compte 2,3 millions d’acheteurs de livres numériques (c’est-à-dire moins de 5% des Français) contre 28,9 millions d’acheteurs de livres papier en 2018.
Les livres numériques en France, c’est un catalogue de 328 965 titres, proposés par 1 557 éditeurs (source SNE).
Un modèle économique encore tâtonnant
On est ainsi très loin des États-Unis où ce type de format représente 20% des ventes et reste stable. En France, cette difficulté s’explique en partie par le prix. Depuis le 26 mai 2011, la loi sur le prix unique du livre numérique instaure que seul l’éditeur fixe le prix de vente d’un ouvrage, permettant ainsi une homogénéité quel que soit le revendeur. Mais alors que le coût de fabrication d’un livre est bien moindre que celui d’un livre imprimé, le prix ne varie pourtant que de quelques euros. En moyenne, 30% de moins.
L’argument du prix ne fait donc pas mouche auprès des aficionados du livre papier. D’autant plus que, selon le 9e baromètre sur les usages du livre numérique, présenté en mars 2019, les lecteurs de ce format ont tendance à dépenser moins d’argent : 17 % achètent plus de livres qu’avant, mais 22 % en achètent moins.
Autre obstacle à sa commercialisation : son contenu est verrouillé une fois acheté par un particulier et ne peut donc pas être prêté.
Une affaire de grands lecteurs
Alors le livre numérique va-t-il finir par s’imposer ? Il lui reste en tout cas une marge de manœuvre : séduire ceux qui ne lisent pas ou peu. Mais là encore, le challenge est ardu. En effet, 21% des lecteurs de livres numériques lisent au moins 20 livres par an.
Pour l’heure, les Français semblent donc encore attachés à l’odeur du livre papier, neuf ou ancien. Et au bruissement des pages qui se tournent.
(*) Enquête menée par OpinionWay en février 2019 sur un échantillon de 2 033 personnes âgées de 15 ans ou plus.
Lire : Le Bien Public du 30 août