Synonyme de liberté, le livre s’impose comme un écrin idéal pour accueillir des enquêtes de longue haleine avec un impact fort immédiat. Mais les journalistes qui y recourent le font dans une relation repensée avec la presse, en misant sur le plurimédia, plutôt qu’en rompant avec elle.
Ce n’est plus seulement un succès, mais un triomphe. Depuis sa sortie le 26 janvier dernier, l’ouvrage que Victor Castanet a consacré aux secrets du groupe Orpéa accumule les records : 13 000 exemplaires des Fossoyeurs se sont vendus en cinq jours, 72 000 en moins de trois semaines, et plus de 130 000 en deux mois, après douze réimpressions. Même si de telles réussites éditoriales sont évidemment très rares, les livres-enquêtes écrits par des reporters sont de plus en plus nombreux à connaître le succès depuis quelques années. Les journalistes politiques ont montré la voie et certains d’entre eux sont même devenus des personnages incontournables de l’édition, à l’image d’Ariane Chemin, Alain Duhamel, Raphaëlle Bacqué, Catherine Nay ou Franz-Olivier Giesbert. Mais dans les rayons des librairies comme dans les classements des meilleures ventes, les ouvrages publiés par des journalistes d’investigation occupent désormais eux aussi une place de choix. Le phénomène n’a bien sûr rien d’inédit ni de spécifiquement français. Mais la tendance s’accentue très nettement, et des journalistes comme Florence Aubenas, Denis Robert ou Marc Endeweld ont obtenu ces dernières années de véritables succès d’édition en publiant leurs investigations directement dans le cadre d’ouvrages…