Pourra-t-on un jour acheter, dans sa librairie de quartier, un livre imprimé et façonné près de chez soi, sur du papier issu de forêts françaises ? Si le livre en circuit court tient pour l’instant de l’utopie, nombreux sont les acteurs de la chaîne à bousculer les pratiques pour réduire leur empreinte carbone, entre expérimentations prometteuses et contraintes économiques.
Dans le dernier numéro de la revue Bibliodiversité, l’ethnologue et auteur Marin Schaffner imagine ce que serait une chaîne de production du livre plus respectueuse de l’environnement. « Fin 2022, alors que s’opérait une prise de conscience croissante de l’exploitation destructrice mondialisée des forêts, un petit groupe de maisons d’édition chiliennes décida de s’associer pour produire son propre papier. Au bout de la troisième journée d’échange, il avait été décidé que la première chose à faire était d’acheter une forêt en coopérative et de la gérer de façon écoresponsable. De façon très pragmatiques, ils et elles s’étaient donc tournés vers une fondation écologique continentale, et vers plusieurs structures professionnelles qui étaient prêtes à travailler en coopérative : foresterie, papeterie et imprimerie, toutes trois basées à moins de 150 km. » Fictive, l’expérimentation décrite par le cofondateur de l’Association pour l’écologie du livre, par ailleurs directeur de collection chez Wildproject, illustre bien les réflexions en cours dans la profession…