Le groupe propriétaire du quotidien « Le Figaro » a dégagé des liquidités record en 2021. L’époque où la rentabilité du lecteur papier restait supérieure à celle du lecteur Web est terminée, estime son dirigeant.
« Les grands journaux ont trouvé leur modèle après un gros travail de conversion [vers le numérique]. » C’est la conclusion que tire Marc Feuillée, directeur général du groupe Figaro, à la lecture des résultats du secteur en 2021, et en particulier de ceux de son groupe. « L’époque où la rentabilité du lecteur papier restait supérieure à celle du lecteur Web est terminée », ajoute le dirigeant au moment où plus de la moitié des revenus vient désormais du numérique.
Le chiffre d’affaires du groupe Figaro franchit à nouveau de justesse la barre des 500 millions d’euros de revenus, en hausse de 6 % par rapport à 2020. On est certes loin des 620 millions enregistrés en 2018, par exemple. Mais c’est dû à l’effondrement des activités de voyages et de ventes de billets de spectacles lié aux confinements pendant la crise sanitaire. « Le retour vers les 600 millions pourrait se concrétiser bientôt », explique Marc Feuillée.
C’est surtout en matière de rentabilité que les dirigeants du Figaro estiment que l’année a été remarquable. « Avec un résultat d’exploitation de 31 millions en 2021, le groupe Figaro a renoué avec ses performances historiques et dépasse ses résultats de 2019 (28 millions) »,précise le communiqué du groupe. La perte était de 7 millions d’euros en 2020, la première en dix ans.
Hors les pertes des activités de voyage et de ticketing, le résultat d’exploitation atteint 37 millions, un record sur dix ans. Et en matière de liquidités réellement dégagées par le groupe Figaro, le niveau de « près de 50 millions est un record ». « Et ce alors que les activités pénalisées par la crise sont normalement très contributrices en matière de cash-flow », précise Marc Feuillée.
Revenus publicitaires en progression
Le groupe est content de se reposer sur les deux grands piliers que sont les abonnements à son média principal « Le Figaro » et la publicité, à un moment où cette dernière ne voit plus sa croissance entièrement captée par Google et Facebook comme avant la crise du Covid-19. Les revenus publicitaires de l’ensemble sont en effet en progression de 15 %, dont une nouvelle hausse de 14 % de la publicité numérique (qui ressort en hausse de 27 % depuis 2019). Après l’effondrement de 2020, la publicité print a quant à elle bondi de 17 %. « En ligne, nos revenus profitent de nos excellentes audiences et de notre montée en gamme technologique après des investissements », explique Marc Feuillée.
C’est la raison pour laquelle le média « Le Figaro », qui gagne de l’argent, pratique un « paywall » relativement ouvert. « Nous voulons parler au plus grand nombre, notamment pour conquérir de jeunes lecteurs, explique Marc Feuillée. Nous ne sommes pas un site fermé, nous ne sommes pas le ‘Financial Times’ ou Mediapart, et la proportion de 50 % à 60 % d’articles gratuits sur Lefigaro.fr nous satisfait. »
Le Journal des Femmes, un gros contributeur
Le reste des revenus publicitaires provient des actifs de CCM Benchmark dont le revenu est passé de 35 millions au moment de l’acquisition en 2015 à 65 millions en 2021. Le groupe s’est renforcé dans les services de marketing ou de performances publicitaires et certains de ses sites comme Le Journal des Femmes contribuent à la rentabilité. « Le Journal des Femmes, premier média féminin français, est le deuxième contributeur à la rentabilité après Lefigaro.fr », précise Marc Feuillée.
« Le Figaro » n’en tient pas moins, comme tous les autres médias qui peuvent se le permettre, à renforcer son portefeuille d’abonnés alors que la publicité reste plus volatile. En la matière, le groupe signale que « les revenus lecteurs du ‘Figaro’ ont également progressé et le portefeuille atteint désormais 400.000 abonnements, porté par ses 250.000 abonnés numériques (un chiffre en croissance de 60 % sur deux ans) ».
De quoi se protéger contre un retournement de tendance à un moment où le Figaro déménage, tout près de ses locaux actuels, dans un immeuble acheté par son actionnaire, le Groupe Dassault.