La législation sur les frais de port du livre, dont les députés doivent débattre ce 6 octobre à l’Assemblée nationale, doit véritablement agacer Amazon. Le directeur général de la filiale française, Frédéric Duval, prend la parole dans un plaidoyer pour l’accès à la lecture. Une réalité que viendrait contrarier la loi, imposant un coût unique de frais de port pour tous les revendeurs de livres. Habile et rusé…
Quand Amazon France en vient à revendiquer les bienfaits de la loi Lang, on sourit : chacun voit midi à sa porte. Mais toute l’ingéniosité d’Amazon est de mettre le doigt où ça fait mal. Ainsi, le DG évoque les origines de la loi sur le prix unique du livre, qui garantirait « l’égalité des citoyens dans l’accès au livre, qui sera vendu au même prix sur tout le territoire national ». Et dès les premiers mots, la confusion volontaire fait rage.
Accès ou frais de port ?
Dans la loi, l’égalité en question ne porte pas sur l’accès au livre, mais « devant le livre ». Autrement dit, sur son prix. L’accès, c’est bien là tout l’enjeu d’Amazon qui avait, par le passé, contourné subtilement la première législation empêchant le cumul de la gratuité des frais de port avec la remise de 5 %, validée par la loi.
Or, en proposant la livraison à 1 centime, Amazon mettait en œuvre une stratégie globale qui aura contraint d’autres opérateurs, Fnac en tête de liste, à s’aligner sur ce coût. L’accès, autrement dit, la livraison, c’est le sésame brandi : plus vite, toujours plus vite, toujours moins cher, voici les revendications d’Amazon.
Quitte à faire dire à la loi Lang, d’un petit mot, presque autre chose que son propos originel… Car à aucun moment le texte, lui, ne parle d’accès…