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La vente d’Humensis (PUF, Belin, L’Observatoire) ralentie par la situation politique

Albin Michel et Madrigall (Gallimard, Flammarion), sur les rangs pour racheter ce groupe mis à la vente par le réassureur SCOR, auraient demandé un temps de délai supplémentaire avant de formuler une offre ferme, selon nos informations.

La transaction semblait être entrée dans sa dernière ligne droite… mais elle pourrait s’étirer en longueur. La vente du groupe d’édition Humensis (PUF, Belin, Editions de l’Observatoire) appartenant au réassureur SCOR vient de subir un coup d’arrêt, selon nos informations. Les deux poids lourds de l’édition française Albin Michel et Madrigall (Gallimard, Flammarion), sur les rangs pour racheter Humensis, auraient demandé, chacun de leur côté, un délai supplémentaire avant de formuler une offre ferme.

La raison ? La situation politique floue après les législatives et l’incertitude planant sur la réforme scolaire de Gabriel Attal, qui aurait dû être promulguée prochainement et pourrait ne jamais voir le jour. Une très mauvaise nouvelle pour l’ensemble des éditeurs de manuels scolaires qui évoluent sur un secteur extrêmement cyclique car porté par les réformes ; en 2016 (année de la dernière réforme du collège), ce pan du marché de l’édition a atteint 331 millions d’euros, mais évolue depuis plusieurs années en dessous du seuil de 200 millions.

Or, Humensis compte parmi ses principaux actifs Belin, l’un des grands acteurs du scolaire, à l’instar de Magnard (Albin Michel), Nathan et Bordas (Editis), ainsi que Hatier et Hachette Education chez Hachette. De quoi susciter l’intérêt de Madrigall qui a fait savoir qu’il souhaitait mettre un pied dans ce segment et pour lequel le rachat de d’Humensis constituerait une porte d’entrée. « Belin est une belle marque mais n’est que le numéro quatre du marché du scolaire et est déficitaire depuis des années, note un expert de l’industrie. L’activité de cette maison allait être relancée par la réforme mais l’incertitude politique, et ses conséquences sur le secteur du scolaire, a changé la donne et complexifie la valorisation de cet actif pour l’opération… »

La grande forme des Editions de l’Observatoire

Derrière Humensis – fondé en 2016 après le rachat de Belin et des Presses Universitaires de France (PUF) par SCOR et l’arrivée de Muriel Beyer en provenance de Plon (Editis) pour diriger les Editions de l’Observatoire -, on retrouvait Denis Kessler, qui fut l’homme fort de SCOR pendant plus de deux décennies et l’artisan de la création du groupe d’édition. Peu après son décès en juin 2023, SCOR a mandaté la banque d’affaires Gimar & Co pour revendre Humensis.

L’an passé, la société d’édition a généré autour de 35 millions d’euros de revenus et a réduit ses pertes après un exercice 2022 difficile qui avait vu SCOR recapitaliser Humensis à hauteur de 8 millions. Une amélioration des finances due tout particulièrement à la grande forme des Editions de l’Observatoire qui ont atteint l’équilibre pour la première fois en 2023 et sont dans les temps de passage pour faire de même cette année.

La maison d’édition s’est notamment distinguée avec les succès en librairies de « Humus » de Gaspard Koenig (qui a remporté le dernier prix Interallié) ou plus récemment avec le livre de Sylvain Tesson « Avec les fées » édité par Equateurs, une structure rachetée 2 millions par Humensis en 2018. Lors de la prochaine rentrée littéraire, les Editions de l’Observatoire miseront tout particulièrement sur « Cabane », le troisième roman d’Abel Quentin (prix de Flore 2021 pour « Le voyant d’Etampes »).

 

Lire : Les Echos du 10 juillet

 

Jean-Philippe Behr

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