Lire : Radio Canada du 29 août
La Commission des États-Unis sur le commerce international a annulé mercredi les droits imposés sur le papier journal canadien.
La Presse canadienne
Les cinq commissaires ont jugé, à l’unanimité, que les importations en provenance du Canada de papier de sciage non couché, utilisé pour les journaux, l’impression commerciale et l’édition de livres, ne portaient pas préjudice à l’industrie américaine.
Le département du Commerce des États-Unis avait imposé, plus tôt cette année, des droits antidumping et compensateurs à divers niveaux à des producteurs canadiens, dont Produits forestiers Résolu, Catalyst Paper, Kruger et Papier White Birch.
Le vote de la Commission des États-Unis sur le commerce international (USITC) l’emporte sur les conclusions du département du Commerce.
L’issue du vote est une bonne nouvelle pour Résolu, le plus grand producteur de papier journal du monde.
« D’obtenir un résultat de cinq à zéro, un vote unanime ne trouvant pas de faute, est une victoire monumentale pour nos efforts » a déclaré le porte-parole de la société, Seth Kursman.
Je suis tout simplement ravi […] C’est un grand jour pour le consommateur américain, c’est un grand jour pour la liberté de la presse.
Seth Kursman, porte-parole de Résolu
Les journaux américains ont fait campagne pour lever les droits, qui avaient fait augmenter leurs dépenses de base et ont forcé certains d’entre eux à faire des mises à pied.
Les États-Unis calculent que la valeur des importations, en provenance du Canada, de papier de sciure de bois non couché utilisé pour les journaux, l’impression commerciale et l’édition de livres, a atteint 1,21 milliard $ US l’an dernier.
Le chef de la direction du groupe de presse américain News Media Alliance, David Chavern, a applaudi la décision.
« Les tarifs auraient été insoutenables pour les journaux, les autres imprimeurs, les éditeurs et les imprimeurs. Heureusement, notre voix a été entendue lors de l’audience du mois dernier et ils ont pris la bonne décision aujourd’hui en renversant ces tarifs nuisibles », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Le groupe avait souligné, ces derniers mois, que le passage de l’impression aux plateformes numériques entraînait un déclin de la demande de papier journal, et non des importations en provenance du Canada.
Norpac se dit déçue
Washington a commencé à enquêter sur l’industrie canadienne du papier journal après que North Pacific Paper (Norpac), une entreprise d’environ 260 travailleurs établie dans l’État de Washington et qui appartient au fonds new-yorkais One Rock Capital Partners, se soit plainte que le Canada subventionnait injustement son industrie au pays.
Le chef de la direction de Norpac, Craig Anneberg, a affirmé dans un communiqué que la société n’était pas d’accord avec la décision et qu’elle évaluerait ses options lorsque la détermination écrite détaillée sera publiée, dans quelques semaines.
« Nous sommes très déçus de la détermination négative de l’USITC, étant donné que le dossier montre clairement que l’industrie nationale a subi un préjudice important du fait des lourdes importations subventionnées en provenance du Canada. »
L’argument de la société est le même en ce qui concerne l’industrie canadienne du bois d’oeuvre résineux, qui a entraîné l’imposition de droits compensateurs et antidumping sur la plupart des exportations canadiennes de résineux à destination des États-Unis.
- Kursman a souligné que l’annulation des droits signifiait que Résolu récupérerait des millions de dollars en dépôts et éviterait des dizaines de millions de dollars en paiements futurs.
Il a ajouté que la campagne pour mettre fin aux droits était soutenue par 174 membres du Congrès américain et des groupes de l’industrie forestière aux États-Unis.
Le syndicat Unifor, qui représente au Québec les travailleurs de plusieurs usines qui étaient affectées par les tarifs, s’est aussi réjoui de la décision de l’USITC.
« Cette logique d’imposition de tarifs à tout vent est caractéristique de l’approche [du président américain] Donald Trump. Ces guerres commerciales inutiles sont coûteuses et elles nuisent aux travailleurs et aux travailleuses des deux côtés de la frontière », a fait valoir le directeur québécois d’Unifor, Renaud Gagné.
La décision prise aujourd’hui est à saluer et nous espérons qu’elle servira de leçon au gouvernement américain dans ses prochaines tentatives d’imposition de tarifs.
Renaud Gagné, directeur québécois d’Unifor
La fin des droits sur le bois de construction non couché fait suite à l’annulation, en juillet, des tarifs imposés par les États-Unis sur le papier supercalandré en provenance du Canada en 2015.
En janvier, la Commission des États-Unis sur le commerce international a annulé des droits totalisant près de 300 % imposés aux avions de la C Series de Bombardier, à la suite d’une plainte déposée par son rival Boeing. Cette gamme d’avions a finalement été vendue à Airbus, qui l’a renommée A220.