Face aux difficultés, Gibert Joseph et Gibert Jeune, les deux enseignes spécialisées dans le livre d’occasion, ont dû fusionner près de 90 ans après leur séparation. Mais elles n’ont pas su anticiper le bouleversement provoqué par le développement de la vente en ligne…
C’est une histoire de France. Avec sa traversée du siècle, ses disputes fratricides, la réconciliation pour garder intact un empire qui vacille, ses victoires et ses guerres perdues. Un récit national. C’est la saga des Gibert, la mythique enseigne des librairies de livres d’occasion. Cette belle entreprise que la plupart des étudiants et des élèves ont un jour fréquentée est à un tournant de son histoire. Son destin est symptomatique de ce qui se passe dans la librairie, et des pratiques de lecture et d’achat des Français.
C’est en 1886 que Joseph Gibert, jeune professeur de lettres classiques au collège Saint-Michel, à Saint-Étienne, décide de «monter» à Paris où il ouvre, face à Notre-Dame de Paris, sur le parapet du quai Saint-Michel, quatre boîtes de bouquiniste. Deux ans plus tard, il inaugure sa première librairie au 23, quai Saint-Michel, avec une spécialité qui fera la fortune de l’enseigne: le livre scolaire d’occasion. Merci Jules Ferry! Le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, futur président du Conseil, avait rendu l’école obligatoire. La librairie connaît alors un immense succès. «Le nom GIBERT (écrit fièrement en majuscules sur le site, NDLR) devient un acteur connu et reconnu du livre sur la place parisienne.»…