CCFI

La rentrée littéraire redonne du tonus au marché de l’édition

Cette année, le rendez-vous incontournable pour le monde de l’édition se distingue par son volume plus mesuré de nouveautés puisque « seulement » 490 romans vont être lancés. Un niveau historiquement bas en plus de vingt ans, qui ne joue pas en défaveur du secteur puisque la rentrée littéraire tire les ventes de livres vers le haut.

Moins de livres ne signifie pas nécessairement moins de ventes… au contraire. Ces derniers jours, la rentrée littéraire a d’ailleurs redonné du tonus au marché français de l’édition. « On assiste à un petit frémissement avec les nouveautés de la rentrée. Entre le 1er et le 8 septembre, les ventes, en valeur, sont en hausse de 2,9 % par rapport à la même période il y a un an », note Anne Martelle – directrice générale de la librairie Martelle, à Amiens, et présidente du Syndicat de la librairie française -, citant les données de l’Observatoire de la librairie.

Or la rentrée littéraire se distingue, cette année, par son volume plus mesuré de nouveautés puisque « seulement » 490 romans vont être lancés, selon « Livres Hebdo ». Un niveau historiquement bas en plus de vingt ans et loin des records de la fin des années 2000 où près de 700 ouvrages voyaient alors le jour entre fin août et mi-octobre.

« La tendance est baissière depuis plusieurs années. C’est une prise de conscience de tout le secteur qui répond à une demande des libraires et qui s’est accélérée en 2020 avec les épisodes de confinement et de fermeture des librairies. Nous avons publié moins de titres mais notre chiffre d’affaires a bien résisté », souligne Fabrice Bakhouche, directeur général délégué d’Hachette Livre, le leader du marché de l’édition en France. « En parallèle, les risques sur l’approvisionnement en papier ont aussi incité les éditeurs à proposer une offre plus resserrée. » En cette rentrée 2022, les maisons de littérature du groupe Hachette vont ainsi lancer 43 nouveaux livres de littérature générale, contre 47 l’an passé.

Légère hausse des prix

Si le rebond des ventes se confirme lors des prochaines semaines, il s’agira d’une bouffée d’air bienvenue pour le marché. Oscillant entre légère hausse et infime baisse pendant plusieurs décennies, le secteur de l’édition a connu un exercice 2021 record mais accuse une baisse de 5 %, sur un an, lors du premier semestre 2022, selon GfK Market Intelligence France – tout en affichant toujours une croissance de 15 % par rapport aux six premiers mois de l’exercice 2019.

« Les multiples crises et les craintes sur le pouvoir d’achat font qu’un certain nombre de personnes rognent sur les dépenses dans les loisirs, dont le livre, note Muriel Beyer, directrice des Editions de l’Observatoire. Ceux qui lisent deux à trois livres par an sont sans doute nombreux à faire l’impasse sur les librairies cette année. »

D’autant plus que la crise du papier et la hausse des prix de l’énergie et des transports a aussi poussé les éditeurs à revoir leurs prix à la hausse. A titre d’illustration, le traditionnel livre d’Amélie Nothomb de la rentrée est passé de 17,90 euros l’an passé à 18,90 euros. « La hausse des prix des nouveautés reste raisonnable, fait valoir Fabrice Bakhouche. Il ne faut pas oublier que le prix du livre est resté très stable ces vingt dernières années. »

Gros démarrage de Virginie Despentes

Pour les éditeurs, la rentrée littéraire demeure un rendez-vous incontournable. En moyenne, elle représente plus de 10 % des ventes annuelles sur le créneau de la fiction moderne en grand format, soit 50 millions d’euros l’an passé, selon GfK Market Intelligence France. Surtout, elle fait office de tremplin vers les prestigieux prix littéraires d’automne (Médicis, Goncourt, Renaudot…) à même de décupler les ventes d’un auteur, du vieux briscard à la nouvelle plume.

« L’an passé, notre année était médiocre en matière de ventes jusqu’à ce que le livre de Clara Dupont-Monod (« S’adapter ») remporte le prix Goncourt des lycéens, ce qui a fait décoller les ventes à plus de 200.000 exemplaires, rembobine Manuel Carcassonne, directeur général des éditions Stock. Cela a représenté 20 % de notre chiffre d’affaires sur l’année, ce qui ne se serait jamais produit sans la rentrée littéraire. Et cela aussi déclenché de nombreuses ventes de droits d’adaptation à l’étranger car la rentrée y est très suivie par les professionnels du secteur. »

Pour l’heure, le jury du Goncourt et celui du Renaudot n’ont dévoilé que la première sélection de leur prix 2022. En attendant que les vainqueurs – qui font traditionnellement office de locomotive pour le reste des écrivains en faisant se déplacer les gens en librairie -, se soient déjà imposées parmi les meilleures ventes. Lors de la dernière semaine d’août, le livre « Cher connard » de Virginie Despentes a ainsi été l’ouvrage le plus vendu de France, selon le classement dressé par « Livres-Hebdo », tandis que celui d’Amélie Nothomb (« Le livre des soeurs ») pointe à la troisième place. Ce qui représente déjà près de 100.000 ventes pour le premier.

 

Lire : Les Echos du 10 septembre

 

Jean-Philippe Behr

Nos partenaires

Demande d’adhésion à la CCFI

Archives

Connexion

Vous n'êtes pas connecté.

Demande d’adhésion à la CCFI