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La recomposition du marché mondial des puces met l’Europe KO

Les acteurs du Vieux Continent sont exposés au ralentissement des secteurs automobile et industriel, et peinent encore à bénéficier du boom des composants pour l’IA et les data centers. Le nouveau contexte géopolitique pourrait aggraver les choses.

C’est une petite phrase, passée inaperçue ou presque, mais lourde de sens. À Munich la semaine dernière, lors du salon phare des semi-conducteurs, l’Electronica, un cadre de Bruxelles était invité à livrer son analyse sur la dynamique actuelle et les ambitions du Chips Act européen. Adopté à l’hiver 2023, ce plan visait à mobiliser pas moins de 100 milliards d’euros d’investissements publics et privés sur le Vieux Continent, afin de doubler sa part de marché dans les ventes mondiales de puces en 2030 pour atteindre autour de 20 %. Sur l’estrade, le dirigeant a confirmé tout haut ce que tous les acteurs pensent maintenant depuis plusieurs mois : l’Europe ne sera pas au rendez-vous de cette ambition. « L’objectif est désormais de passer de 8 % à 11 % d’ici la fin de la décennie » , rapporte un participant à la table ronde.

De promesses, il était aussi question à l’été 2023, lorsque l’ex-locataire de Bercy, Bruno Le Maire, se félicitait de l’annonce d’un partenariat à Crolles, à côté de Grenoble, entre le franco-italien STMicroelectronics et l’américain GlobalFoundries. Le projet d’extension d’usine à 7,5 milliards d’euros, destiné à produire jusqu’à 620.000 plaques de semi-conducteurs par an à horizon 2028, et financé à hauteur de 2,9 milliards d’euros par l’État, constituait « le plus grand investissement industriel des dernières décennies hors nucléaire ». Il devait apporter 1000 emplois à l’économie française. Dix-huit mois plus tard, GlobalFoundries ne répond plus. « Ils n’ont jamais donné de nouvelles, et le sentiment de certains est qu’ils n’en donneront plus », se désole un syndicaliste chez STMicroelectronics. « Le rythme de notre extension à Crolles sera aligné sur la demande des clients et les conditions du marché », insiste l’entreprise américaine auprès du Figaro, qui se défend d’avoir abandonné le projet et explique pouvoir enclencher la pompe au moment opportun.

Il faut dire que GlobalFoundries, comme STMicroelectronics, ont connu des jours meilleurs. « On a vécu un séisme sur le business », résumait mercredi Jean-Marc Chery, le PDG de STMicroelectronics, à l’occasion d’une journée investisseurs organisée à Paris. Sur les neuf premiers mois de l’année, les revenus du groupe franco-italien se sont effondrés de 23,5 %. Le résultat net, lui, a été divisé par deux dans le sillage du recul de la marge opérationnelle. « Nous sommes en sur-capacité depuis plusieurs mois maintenant sur certaines usines françaises. On entend des rumeurs persistantes sur du chômage partiel dans l’une d’entre elles, à Tours », explique Sandy Bel, déléguée syndicale centrale CGT chez STMicroelectronics…

Lire la suite : Le Figaro du 23/11/24 pages 20 et 21

Pascal Lenoir

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