Le ministre de l’Éducation nationale concède une «tension inédite» en cette rentrée 2022, mais refuse de «tout peindre en noir».
«Bonjour, nous avons un besoin en italien pour quatre heures…». Sur l’écran de Patrick Seitz, ancien principal dans l’Essonne, retraité depuis 2017, le message d’une proviseur d’Argenteuil sollicitant de l’aide s’affiche.
Depuis le 22 août, et jusqu’au 9 septembre, le rectorat de Versailles met à la disposition des chefs d’établissement et des enseignants une cellule de rentrée, similaire à celle de Créteil, visitée mardi par le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye. Ces structures éphémères n’ont rien d’une nouveauté. Mais cette année, elles prennent une importance particulière au vu de la crise «inédite» du recrutement des professeurs.
Au début de l’été, les résultats des différents concours d’enseignement ont illustré de manière éclatante la désaffectation que subit la profession, à laquelle vient s’ajouter l’effet de la réforme en vertu de laquelle les concours se passent désormais en master 2 et non plus en master 1. Plus de 4000 postes sont ainsi restés vacants sur 27.000 postes ouverts. Ce chiffre global cache cependant des «disparités».
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Dans le premier degré, les difficultés se sont concentrées sur les académies de Créteil et Versailles, réputées difficiles. Dans le second degré, elles concernent les disciplines «sous tension»: les lettres classiques, l’anglais, l’allemand ou encore les mathématiques. «Le problème de l’attractivité du métier est renforcé en maths par le fait qu’un master de mathématiques pures ouvre les portes de carrières beaucoup plus rémunératrices, dans la finance, la gestion, l’actuariat», constate Claire Piolti-Lamorthe, présidente de l’association des professeurs de maths (APMEP). Dans un contexte de dynamisme du marché de l’emploi, les étudiants de master de toutes disciplines regardent ailleurs et ne rêvent pas forcément de devenir fonctionnaire.
Rentrée sous tension
«Le système de recrutement de l’Éducation nationale continue de fonctionner comme si nous étions dans les Trente Glorieuses!, résume Yann Diraison, adjoint au secrétaire général à l’enseignement catholique. Il y a vingt ans, on savait que les lauréats aux concours resteraient dans l’Éducation nationale quarante ans. Ce n’est plus le cas.» Il regrette que «l’on en soit encore à rechercher les causes de la dévalorisation du métier», alors que l’on sait qu’un enseignant stagiaire de niveau bac + 5 touche 1400 euros, et 1800 l’année suivante, après sa titularisation…