Pour Christopher Guérin, le directeur général de Nexans, il faut revoir le modèle de performance des entreprises. Une vision originale de la sobriété.
Revenu des enfers boursiers et stratégiques, le groupe Nexans, spécialiste des câbles, très sollicité par le mouvement d’électrification, a opéré un spectaculaire redressement depuis 2018. Son directeur général, Christopher Guérin, prévoit déjà une prochaine «bagarre des nations» pour la matière.
Christopher GUÉRIN.– C’est le résultat d’une carence globale de planification stratégique. Les besoins sont immenses: les pays matures font face au nécessaire renouvellement de leurs infrastructures électriques – génération et réseaux – et au grand basculement des énergies fossiles vers les renouvelables. Les pays émergents sont au même moment engagés dans une phase d’équipement très rapide.
Nous entrons dans une période comme il ne s’en produit que deux fois par siècle. C’est arrivé une première fois avec le déploiement de l’électricité, entre 1890 et 1920, puis après-guerre, des années 1950 aux années 1970. Ça, c’était l’ère des bâtisseurs. Il faut retrouver cet esprit.
Mais pourquoi cette lenteur, cette carence de planification passée?
C’est une vieille loi de la psychologie: on sait réagir face un danger immédiat – on l’a vu avec le Covid -, mais beaucoup moins devant un danger latent et de long terme. Aujourd’hui, la prise de conscience est là. Sur le climat, l’été a montré que la cote d’alerte était atteinte. Nous savons aussi que nous allons manquer d’énergie à court terme. C’est un fait. Cela fait trois ans que nous avons de la «chance» avec des hivers doux, nous aurons des problèmes s’il fait froid. Enfin, la géopolitique, avec la nécessité de se passer du gaz russe, provoque un autre réveil brutal. Tout cela entraîne une accélération extraordinaire des projets….