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La Nouvelle imprimerie Laballery dans une course aux investissements

Reprise sous forme de Scop et spécialisée dans l’impression de romans et essais, l’imprimerie de la Nièvre a lourdement investi pour répondre aux demandes de baisse de stocks de ses clients éditeurs.

« C’est un métier de faire un livre », rappelle sans cesse Hubert Pedurand, le directeur général de la Scop Nouvelle imprimerie Laballery, à Clamecy, dans la Nièvre. C’était aussi la conclusion du rapport qu’il avait remis en 2015 à l’Union nationale des industries de l’impression et de la communication (dont il est le vice-président), dans le cadre d’une étude sur la filière commandée par le ministère de l’Industrie.

Cette année-là, lors de la restitution de l’étude à l’Assemblée nationale, un administrateur de la Scop nivernaise spécialisée dans l’impression de livres monochromes – ou « livres noirs », les romans et essais – était venu lui demander des conseils pour la faire perdurer. Fondée en 1924, l’imprimerie avait été reprise en 1993 sous forme coopérative par ses salariés après liquidation. « Elle n’avait plus de directeur général, elle était en train de mourir de son isolement. Je suis venu expliquer ce qui me semblait pertinent en termes de stratégie et je ne suis plus jamais reparti », raconte le dirigeant.

Production automatisée

En 2015, l’imprimerie Laballery comptait 60 salariés sociétaires et réalisait un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros. En 2024, elle emploie 80 sociétaires et son chiffre d’affaires a atteint 17 millions d’euros en 2023. Ce qui ne veut pas dire qu’elle est florissante…

« Entre-temps, je leur ai proposé de faire un big bang, un investissement important dans un nouvel atelier pour accompagner la mutation du marché du livre des stocks vers les flux, avec une production de plus en plus continue », détaille Hubert Pedurand – par ailleurs président de l’imprimerie Floch à Mayenne (dans le département du même nom), reprise à la barre du tribunal en 2016, qui emploie 78 salariés et a imprimé les derniers Joël Dicker, Guillaume Musso et Goncourt, remporté par Jean-Baptiste Andréa .

Unique en Europe, la ligne de production de Laballery a été livrée en 2019 et a nécessité un investissement de 2,9 millions d’euros (dont 730.000 euros de fonds européens Feder). Elle tourne 24 heures sur 24 et automatise la production du livre, de la commande client jusqu’à sa palettisation. Elle part d’une bobine et se termine par le livre prêt à lire, « comme une sorte de streaming du livre papier, avec une très grande réactivité », précise le dirigeant, qui estime avoir investi 10 millions d’euros supplémentaires dans l’outil industriel ces trois dernières années.

La ligne permet ainsi de fabriquer des petits tirages qui évitent aux Hachette, Editis, Actes Sud, Albin Michel ou Trédaniel, clients de l’imprimerie, des stocks d’invendus. « Avant, les tirages étaient de l’ordre de 3.000 exemplaires. Maintenant, on nous demande plutôt dix fois 300 exemplaires », constate Hubert Pedurand, qui craint pour la survie de sa profession et n’a de cesse de tirer la sonnette d’alarme : l’imprimeur n’est toujours rémunéré qu’entre 3 et 5 % du prix de vente du livre hors taxe, malgré les nouveaux coûts et la hausse des prix du papier et de l’énergie. « Nous avons lourdement investi pour les éditeurs afin qu’ils diminuent stocks et risques. Il faut qu’ils changent de braquet », martèle-t-il.

 

Lire : Les Echos du 24 février

 

Jean-Philippe Behr

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