Qu’ils déclinent tout un univers romanesque dans leurs chambres, reçoivent des auteurs ou décernent leurs propres prix littéraires, un nombre croissant d’hôtels misent sur les belles lettres pour se distinguer.
Les travaux qui creusaient la chaussée du boulevard Raspail, à Paris, ont enfin levé le camp, dégageant la vue sur la façade en pierre de taille du Lutetia. « Enfin ! On voit la vitrine », salue Jean-Pierre Trevisan, directeur du palace. Depuis la rentrée, l’hôtel emblématique de la rive gauche accueille une enseigne aux néons bleus, « Rupture Arts & Books ».
Cette nouvelle librairie confiée au réseau de lieux culturels Rupture, essaimant de Marseille à Venise, a été pensée comme « une extension naturelle de l’âme germanopratine de l’hôtel, qui compte déjà quatre bibliothèques », décrit le directeur du Lutetia. « Bien sûr, il y a l’enchantement des palaces, le luxe du service, le chic du décor, mais il s’agit ici d’apporter un supplément d’âme, de rappeler que les grands hôtels ont toujours été des lieux où l’on faisait société, où l’on parlait littérature et création », ajoute Alexandre Sap, fondateur des librairies Rupture. Dans la vingtaine de mètres carrés pensés comme un cabinet de curiosités, les ouvrages d’art côtoient une édition de collection d’Hygiène de l’assassin d’Amélie Nothomb et un recueil des lettres de Pierre Bergé à Yves Saint Laurent.
Des univers d’auteur
Ce « supplément d’âme », ils sont de plus en plus nombreux à le rechercher. À l’ère du numérique tout-puissant et des établissements connectés, certains hôtels font le chemin inverse : ils misent sur la littérature et son univers pour construire une stratégie de distinction, affichant leur singularité parmi les 17.400 établissements hôteliers du territoire français. Et vont jusqu’à se poser en défenseurs des belles lettres et en ambassadeurs de la création, proposer une immersion dans une œuvre, voire créer leurs propres prix littéraires…