La plus grande librairie du pays s’apprête à quitter son siège historique de l’avenue des Arts sur la petite ceinture à Bruxelles. Motifs : le prix du loyer, les coûts de l’énergie et le plan « Good Move ».
Filigranes, la plus grande librairie du pays, veut quitter son siège de l’avenue des Arts à Bruxelles. L’espace est devenu trop grand et ne correspond plus à ses besoins. Il y a quelques mois, Filigranes avait déjà réduit la voilure, passant de 2.400 à 1.800 m², soit la surface qu’elle occupait il y a 15 ans avant des travaux d’agrandissement. Motifs : « le loyer était trop élevé et le bâtiment est énergivore« , constate la directrice générale Véronique Croisé.
Mais cette fois il est carrément question d’un déménagement. « Outre les coûts de l’énergie et du loyer, le plan « Good Move » nous a fait beaucoup de tort« , ajoute-t-elle. La librairie est pourtant située entre deux stations de métro distantes de quelques centaines de mètres. Par ailleurs ; le bâtiment qu’occupe Filigranes fait l’objet d’une demande de permis d’urbanisme en vue d’une rénovation profonde.
L’idée est de trouver un nouvel espace commercial de 1.600 à 1.800 m², de préférence de plain-pied comme actuellement, dans un rayon de 10 kilomètres entre la localisation actuelle et le Bois de la Cambre. La recherche a été entamée il y a déjà un an et quelques lieux ont été proposés – y compris le long du Canal, ce que la direction a refusé – l’objectif étant de déménager entre le 1er janvier 2025 et mars 2026.
Plan de relance
Cette opération s’inscrit dans le cadre des difficultés auxquelles fait face Filigranes depuis environ deux ans. Il y a eu la crise de management qui a entraîné le pas de côté de son fondateur Marc Filipson. À cela se sont ajoutés une forte inflation, la crise énergétique et un marché du livre guère fringant puisqu’il a reculé de 6% en volumes en 2023. Le tout a mené à une double restructuration et à des mesures d’économies : fermeture le lundi, diminution des heures d’ouverture, baisse des coûts, etc.
La situation financière de l’entreprise est tendue avec 1,1 million de pertes à l’issue de l’exercice 2022-2023 clôturé fin juin alors que le chiffre d’affaires a reculé de plus de 7% à 13,7 millions d’euros. L’exercice en cours a été prolongé jusqu’au 31 décembre et portera donc sur 18 mois : « Cela nous permettra d’y inclure les quatre derniers mois de l’année, la période de plus forte activité pour les libraires, et de bénéficier donc des effets de notre plan de relance », indique Véronique Croisé, qui espère l’équilibre financier à cette échéance.
Ce plan de relance passe aussi par un nouveau site web et d’e-commerce ainsi que par une campagne de communication afin de faire revenir les clients. Elle sera diffusée à partir de ce mercredi sur La Première (RTBF) et les réseaux sociaux. « L’idée est de dire que si Filigranes a besoin de Bruxelles, Bruxelles a aussi besoin de Filigranes« , résume sa directrice.
Pascal Lenoir
