Face à la demande d’énergie et au coût exorbitant du gaz, il revient en force, à rebours des objectifs climatiques qui préconisent la fin rapide de ce combustible du XIXe siècle.
La ressource énergétique la plus polluante de la planète a la vie dure. Alors qu’elle devrait être en voie d’extinction, elle revit. Un constat gênant à trois semaines de la COP26, la réunion mondiale qui scande les avancées de la lutte contre le changement climatique.
En Chine, le gouvernement vient d’autoriser la réouverture de mines de charbon et a demandé à 72 sites d’intensifier leur production. L’Inde, qui ne dispose que de quatre jours de stocks, redoute de sévères coupures de courant. La Grande-Bretagne, dont une part importante de l’électricité dépend du gaz, devenu trop cher, a relancé ses centrales à charbon. En Allemagne, la production d’électricité via le lignite ou la houille a dépassé l’éolien au premier trimestre à cause des conditions météo défavorables. En France, comme cela avait déjà été le cas en septembre 2020 en raison du manque de vent et d’avaries chez EDF, la consommation de charbon vient de repartir en flèche même si les quatre dernières centrales doivent fermer d’ici 2024.
Explosion des prix
La demande mondiale a bondi avec la reprise économique, particulièrement dynamique en Asie. Et la demande de charbon devrait dépasser le niveau de 2019. Le gaz, en quantité insuffisante dans certaines régions ou surtout trop cher, ne répond plus à la demande. Résultat, industriels et collectivités se tournent à nouveau vers le charbon. En Chine, les besoins sont d’autant plus aigus que les provinces, sommées par les autorités centrales d’avancer pour atteindre leurs objectifs de lutte contre le changement climatique et réduire la pollution qui sature les grandes villes, avaient ralenti leur production de charbon et fermé des mines durant l’été. S’y ajoute une météo gourmande en énergie avec un hiver long et froid et un été chaud, qui a entraîné la mise en route de millions de climatiseurs…
Jean-Philippe Behr
