Cette année, la Commission européenne présentera un plan d’action afin de soutenir le secteur des médias de l’UE, qui est confronté à une crise économique, a déclaré la vice-présidente de l’exécutif chargée des valeurs et de la transparence Vera Jourova lors d’un événement organisé par Euractiv mercredi (3 mars).
« Le Plan d’action de la démocratie européenne a comme objectif principal de renforcer la liberté et le pluralisme, la tenue d’élections libres et équitables, et la lutte contre la désinformation », a déclaré Vera Jourova lors du sommet Media4Europe, qui a lancé la deuxième édition du programme Star4Media, cofinancé par l’UE.
Mme Jourova a avancé que la Commission présenterait deux initiatives dans le cadre de ce plan d’action, l’une d’entre elles étant la recommandation de protéger les journalistes contre les attaques.
Cette initiative fait suite à de nombreuses inquiétudes soulevées par le secteur confronté à des risques grandissants, notamment « des menaces et des insultes contre les journalistes sur les réseaux sociaux ou des attaques lors de manifestations », a-t-elle ajouté.
« Au vu de la complexité de la situation, notre priorité phare consiste à améliorer la sécurité des journalistes », a indiqué la commissaire ajoutant qu’une nouvelle réunion en mars, le European News Media Forum, devrait amorcer le dialogue sur cette problématique.
La deuxième initiative consistera à protéger les journalistes de poursuites judiciaires stratégiques contre la mobilisation publique, pour lesquelles « il serait bienvenu d’établir un terrain d’entente plus clair au sein de l’UE ».
À la suite de plusieurs appels formulés par les défendeurs du secteur des médias, la Commission européenne s’est engagée en décembre 2020 à présenter une initiative à la fin de l’année 2021 visant à protéger les journalistes de ce type de poursuites, qui est souvent utilisé comme un instrument pour les réduire au silence.
Les maux financiers du secteur des médias se sont certes déclarés avant la pandémie, mais les retombées de la crise sanitaire n’ont fait qu’exacerber ces problèmes déjà profondément ancrés.
« Il est également crucial que les journalistes trouvent un emploi et soient rémunérés décemment. Pour ce faire, le secteur des médias doit être durable sur le plan économique », a renchéri la représentante européenne.
Dans ce contexte, le plan d’action pour la démocratie européenne s’imbriquera dans le plan d’action pour l’audiovisuel et les médias, qui constituera « une feuille de route pour la relance, la transformation et la résilience de ces secteurs ».
L’exécutif œuvre également à un projet d’investissement NEWS avec des fondations et d’autres partenaires privés, dont l’accès aux prêts devrait être soutenu par le programme InvestEU, a-t-elle fait savoir.
« Pour la première fois, grâce au programme “Creative Europe”, un financement sera dédié aux activités des médias, et ce tout en mettant l’accent sur les activités de collaboration transnationale », a soutenu Lucia Redcalde Langarica, cheffe de la DG CONNECT à la Commission européenne.
Parmi les autres initiatives figurent la collaboration entre les différents fournisseurs médiatiques sur les métadonnées, les instruments de financement liés à la production de contenu et sa distribution.
À l’occasion de cet événement, les parties prenantes de l’industrie ont exhorté le sérail politique européen à soutenir la liberté des médias et à garantir une protection pour les journalistes et les sociétés.
« Pour un journalisme crédible, indépendant et éthique, il faut des poches étanches entre les politiques propriétaires d’un côté et les salles de rédaction de l’autre. Malheureusement, dans certains pays, trop de médias sont contrôlés par les oligarques et les politiques au pouvoir », a déclaré Mogens Bjerregård, président de la Fédération européenne des journalistes (FEJ).
« Le versement direct d’un soutien financier pour le pluralisme ne serait pas seulement bienvenu, mais nécessaire », a-t-il poursuivi.
« Nous avons besoin du soutien de tous les gouvernements et de la Commission européenne afin de garantir une bonne position dans le but de négocier des accords équitables avec les géants technologiques », a maintenu Fernando de Yarza López-Madrazo, président de l’Association mondiale des éditeurs de presse (WAN-IFRA).
« Nous devons nous assurer que nous sommes rémunérés de façon équitable pour l’utilisation de notre contenu journalistique afin que nous puissions devenir durables et que nous soyons en mesure de maintenir notre rôle démocratique au sein de la société », a-t-il expliqué.
Les parties prenantes de l’industrie ont également appelé les salles de rédaction à redoubler d’efforts afin de conjuguer le monde de la technologique au contexte journalistique.
« Non seulement le secteur de la technologie et les médias ne s’entretiennent pas assez l’un avec l’autre, mais ils viennent également de deux planètes différentes », a déclaré Andreas Marcksmann Andreassen, directeur numérique pour le site danois Journalisten.
« Cette époque d’automatisation à laquelle nous sommes confrontés à l’heure actuelle touchera certainement le rôle des médias dans la société. Il est donc nécessaire pour eux d’apprendre le langage du secteur de la tech », a-t-il conclu.