C’est une première en France et même dans le monde. La structure philanthropique qui vise à soutenir le 9ème art, a déjà séduit des mécènes sur ses terres, à Angoulême et en Charente. Le cercle doit s’élargir au niveau national et international avec l’objectif de lever 1 million d’euros d’ici la fin de l’année.
La Cité internationale de la BD et de l’image d’Angoulême crée sa Fondation pour le 9ème art. Celle-ci est la première en France dédiée à la BD. Ses objectifs : aider la création et les auteurs, valoriser ce patrimoine, exploiter le potentiel éducatif de la bande dessinée, soutenir la recherche et l’innovation, développer le rayonnement national et international de cette discipline.
Pour le directeur général de la Cité de la BD, Pierre Lungheretti, associer le tissu local à ce mécénat était stratégique. « La bande dessinée est immédiatement associée à Angoulême, que ce soit en France ou dans le monde. Il est essentiel d’entraîner entreprises et particuliers de Charente autour d’un projet qui valorise le territoire et dont ils seront parties prenantes » poursuit-il.
Ancrage réussi : une dizaine de donateurs ont déjà répondu présents et 150.000 de promesses de dons ont été réunies. Reste à prospecter des sociétés nationales et internationales. « Nous souhaitons aboutir à un million d’euros d’ici à la fin de l’année. C’est tout à fait réaliste compte tenu de l’enthousiasme suscité » se félicite Pierre Lungheretti.
Sentiment d’appartenance
Et c’est sous l’égide de l’Institut de France, que le patron de la Cité de la BD, a choisi d’abriter cette fondation, en raison de ses liens avec l’institution parisienne. L’Académie des Beaux-arts l’avait invité en février 2019 à présenter son rapport réalisé à la demande du ministre de la culture, « La bande dessinée, nouvelle frontière artistique et culturelle ». Et l’Institut a récemment élu l’auteur de BD, Catherine Meurisse, à l’Académie des Beaux-arts, preuve de son intérêt pour le 9ème art.
« Ce statut de fondation sous égide est attractif pour les mécènes : elle crée plus facilement un sentiment d’appartenance et de visibilité qu’un fonds de dotation ou une association d’amis. C’était important pour la bande dessinée de disposer d’un tel outil » poursuit Pierre Lungheretti.
Il entend déjà proposer au conseil d’administration de la fondation de soutenir des projets phares dans le cadre de « 2020 Année de la Bande Dessinée » portés par la Cité : les expositions « De Popeye à Persépolis » sur les liens entre cinéma d’animation et BD qui ouvrira en juin, et « La bande dessinée africaine en Français » dont la commissaire est Leila Slimani et qui sera présentée à Tunis pour les 50 ans de l’Organisation Internationale de la Francophonie en décembre ; des opérations d’éducation artistique et culturelle ; des résidences et bourses pour les auteurs.
206.000 visiteurs
Cette jeune structure philanthropique est sans équivalent dans le monde selon Pierre Lungheretti. « Il existe des fondations au Japon telles que la Nippon Foundation mais qui n’est pas spécifiquement dédiée à la BD, ou des fondations para-étatiques de soutien à la culture incluant le manga dans leurs programmes, ou encore la Sawwaf Arabic Comics Initiative au Liban mais pilotée par un seul mécène, Mu’taz Sawwaf et non adossée à une institution ».
Dépositaire de la seconde collection patrimoniale de BD au monde, dotée de missions à la fois locales, nationales et internationales , la Cité de la BD rejoint ainsi le club très fermé des rares établissements culturels en région ayant des fondations, comme le musée des beaux-arts de Lyon qui a créé le Cercle Poussin, centré sur les acquisitions.
Angoulême pour sa part, a reçu en fin d’année le label « Ville Créative » de l’UNESCO qui la consacre officiellement comme la Capitale de la bande dessinée . De quoi booster la notoriété de la Cité de la BD à l’étranger. D’ailleurs sa fondation pourra contribuer au financement d’expositions itinérantes ou soutenir des projets de création de musées « filiales » sur le modèle du Louvre Abou Dhabi.
L’an dernier, la Cité a totalisé sur ses trois sites ouverts au public (Vaisseau Moebius, Chais et Maison des auteurs lors des journées portes ouvertes), près de 206.000 visiteurs, en hausse de 6 % par rapport à 2018.