La baisse du temps passé devant le petit écran s’accélère, menaçant le modèle économique des chaînes.
La ferveur cathodique des Français s’étiole aussi rapidement qu’inexorablement. Soucieuses de ne pas mettre en péril un modèle économique largement fragilisé, les chaînes de télévision tentent régulièrement de minimiser l’ampleur du problème. Mais dévisser l’ampoule qui clignote pour avertir que le réservoir se vide n’a jamais empêché la panne. Et tous les signaux sont en train de virer au rouge écarlate.
En avril, le temps passé devant le petit écran a sévèrement décroché. Il s’est élevé à 3h27 en moyenne par jour, selon les chiffres de Médiamétrie. Soit 32 minutes de moins qu’il y a un an et 13 minutes de moins qu’en avril 2019, avant la pandémie. Simple trou d’air passager? Pas tout à fait. En mars, la baisse a atteint 22 minutes sur un an et 10 minutes en comparaison avec 2019. À la rentrée, les audiences avaient eu un coup de mou encore plus sérieux. Au mois d’octobre, les téléspectateurs passaient en moyenne 3h22 devant leur poste. Soit 34 minutes de moins qu’à la même période en 2020. Même en comparant à octobre 2019, la durée d’écoute avait chuté de 23 minutes. En réalité, ces «krachs d’audience» sont de plus en plus rapprochés.
68% de l’audience de la télévision linéaire aujourd’hui est faite par les plus de 50 ans. Ils représentaient moins de 50% en 2010. L’évolution est spectaculaire. La part des moins de 50 ans diminue entre 5% et 10% chaque année
Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6
Amorcé depuis un moment, le déclin de la télévision est en train de s’accélérer. Ces deux dernières années, la pandémie, en obligeant les consommateurs à rester chez eux et en les privant de nombreux loisirs, n’a finalement créé qu’une illusion d’optique. Oui, les Français sont revenus massivement devant le petit écran durant cette période. Mais ce regain d’intérêt était plus artificiel qu’autre chose…
Jean-Philippe Behr
Pascal Lenoir
