La Bibliothèque nationale de France est à la recherche d’un site hors de Paris où elle veut bâtir un Conservatoire nationale de la presse et un centre de conservation, alors que ses dépôts sont saturés et que ses collections de journaux risquent de disparaître si rien n’est fait. « Nous sommes arrivés à un moment dans l’histoire de la BNF où nous devons écrire une nouvelle page, 30 ans après la construction du site François Mitterrand. C’est une histoire qui ne s’arrête jamais depuis l’instauration du dépôt légal en 1537, un mouvement continu qui vise à constituer cette mémoire commune, à la fois intellectuelle et artistique », explique à l’AFP Laurence Engel, sa présidente. La logique est la même que celle qui avait conduit à la fin des années 80 à décider la construction du site François Mitterrand et du centre de conservation technique de Bussy Saint-Georges (Seine-et-Marne), tous deux inaugurés dans les années 90 : à l’époque, « les magasins étaient saturés et il fallait en construire d’autres pour les 30 années qui devaient suivre ».
Or, cette échéance arrive à grand pas, et « les magasins sont de nouveau saturés, d’autant qu’on n’anticipait pas à l’époque que la production de livres continuerait d’augmenter », relève-t-elle. Dans ce contexte, « nous avons fait le choix de mettre la presse en avant, car c’est un axe de travail très important depuis 2016 pour la BNF », qui a notamment rendu de nombreux documents accessibles sous forme numérique via la plateforme Retronews, ajoute Laurence Engel. Le temps presse pour sauvegarder ces « collections très fragiles et fabuleuses » de journaux et autres revues, qui abritent 247.000 titres, depuis La Gazette de Théophraste Renaudot en 1641.
« Cela fait longtemps, depuis le 19ème siècle, que la BNF se pose la question de la préservation des collections de presse. C’est d’abord une question de place, car elles en prennent énormément – ce qui a conduit autrefois à les plier ou les ficeler dans des liasses -, et en plus elles sont constituées de papier de mauvaise qualité, avec des encres acides qui les abîment. A force d’avoir attendu, nous sommes arrivés à un moment où ces collections, sont menacées de disparaître », raconte la présidente. D’où le projet de la BNF d’offrir un nouvel écrin à « ces trésors » du patrimoine, adapté à leurs contraintes de conservation et faisant appel à des technologies évoluées. Un lieu qui permettra non seulement de mieux les conserver, mais aussi de faciliter leur étude et de les valoriser auprès des professionnels et du public. La vénérable institution recherche un vaste site (15.000 m² au sol) où elle veut construire un bâtiment ultramoderne, qui abritera des magasins de grande hauteur, équipés d' »un système de conservation robotisé et à oxygène raréfié » (pour préserver au mieux ces fragiles collections), mais aussi des ateliers de restauration et de numérisation, et un espace de consultation. Il devra être accessible depuis Paris en deux heures de train ou trois heures en voiture, pour que les collections puissent être accessibles, à la demande, dans les salles de lecture parisiennes de la Bibliothèque.
Les collectivités ont jusqu’à mi-octobre
Au-delà du choix du site, la BNF veut nouer un partenariat de long terme autour de ce futur centre, pour contribuer au financement du projet, au coût estimé entre 70 et 90 millions d’euros, et développer des actions (ateliers, expositions…) autour par exemple de projets artistiques et culturels ou d’éducation aux médias. Les collectivités intéressées ont jusqu’à mi-octobre pour se manifester. Le site retenu sera annoncé début 2021, et si tout va bien, le conservatoire ouvrira ses portes en 2027.