C’est une réussite à contre-courant du climat parfois morose qui pèse sur les entreprises françaises. À Clamecy dans la Nièvre, l’imprimerie Laballery est devenue l’un des leaders du marché, au terme d’une histoire mouvementée.
Fondée en 1924, elle a failli disparaître à la suite d’une liquidation judiciaire. Reprise par ses salariés, l’imprimerie Laballery a finalement connu un tout autre destin : cent ans après sa création, elle fait aujourd’hui partie des leaders du marché, sur les 5 000 imprimeries que compte la France.
« Nous produisons ici environ 10 tonnes de livres par jour, c’est à peu près entre 15 et 20 millions de livres par an », raconte Hubert Pédurand, le directeur. Manuels scolaires, mangas, classiques de la littérature… L’un des récents ouvrages en production : les tous derniers récits du pape François. « Nous avons reçu du Vatican, via les éditions du Cerf, le bon de commande ce matin », explique le directeur vendredi 5 avril, jour de notre tournage.
Dans ce genre de cas, pas de week-ends : il faut à tout prix respecter les délais. »Ce genre d’ouvrage bouscule un peu notre planning, mais on sait donner des priorités car nous avons une mission : les mots sont des ponts entre les êtres, et nous créons ces ponts », affirme Hubert Pédurand. Si elle tourne aujourd’hui à plein régime, Laballery a pourtant failli disparaître.
L’élan des salariés pour sauver leur usine
En 1993, l’imprimerie est placée en liquidation judiciaire. « Le marché de l’imprimerie s’est largement effondré. Les parts de marché se sont largement réduites, et vu le nombre d’imprimeries actuel, le marché est devenu trop petit », explique au mois de septembre 1993 Claude Charpentier, le responsable photo composition de l’époque.
Alors, pour sauver leur entreprise, les salariés se mobilisent. Ensemble, ils créent une SCOP : une société coopérative et participative. « C’était un challenge ! » se souvient Corinne Richard, l’une des actionnaires-salariées de l’époque. « Il fallait vraiment se dire : il faut qu’on arrive à faire continuer cette entreprise importante pour Clamecy. On était très enthousiastes. »
Trente ans plus tard, en 2024, les salariés détiennent aujourd’hui 100 % du capital de l’entreprise. « Ce qui fait la différence d’une coopérative par rapport à une SA (société anonyme), c’est que dans une SA, vous avez une personne qui décide. Là, c’est l’ensemble du conseil d’administration qui prend la décision de faire avancer le projet ou pas », détaille Hubert Pédurand, le directeur.
Pour continuer à rester compétitive, Laballery innove sans cesse. Sa dernière acquisition : une imprimante plus écologique, et surtout plus performante dans la production des premières de couverture. Un atout indispensable pour séduire les éditeurs, et conserver sa place parmi les leaders.