Affaiblies par les sécheresses à répétition et par une épidémie de scolytes, elles font face à une mortalité massive depuis quelques années. En Savoie et en Haute-Savoie, les agents de l’ONF sont en première ligne de ces changements liés au réchauffement climatique.
Sans broncher, la petite Fiat Panda floquée du logo de l’Office national des forêts (ONF) grimpe la route forestière, en slalomant entre les nids-de-poule. Par endroits, le brouillard épais accroché aux arbres laisse planer une ambiance fantomatique. Les mains agrippées sur le volant, Benoît Girard lance des regards à droite et à gauche de la route. Sans suspense, le constat tombe rapidement : « Ici aussi, tout est mort », explique-t-il en désignant une vingtaine d’épicéas, dont l’écorce est tombée par endroits et qui laissent entrevoir des branches nues.
Quelques virages plus haut, une autre parcelle de forêt montre le même spectacle de désolation. « Voir la forêt mourir comme ça, si vite, c’est très compliqué, souffle le responsable de l’unité territoriale de l’ONF d’Albertville, en Savoie. Pour un forestier, perdre sa forêt , c’est comme perdre sa maison. On n’a plus de repères. »
Dans le massif du Grand Arc, situé sur les hauteurs d’Albertville, les épicéas, qui peuplent majoritairement les forêts d’altitude, meurent par centaines chaque année, attaqués par un insecte ravageur : le scolyte typographe. Ce coléoptère de quelques millimètres s’installe sous l’écorce, où il creuse des galeries pour pondre des milliers d’œufs, coupant la circulation de la sève. Déclenchée en 2018 dans les forêts du Grand Est, où elle est toujours en cours, l’épidémie s’est répandue progressivement dans les Alpes du Nord, avec une très forte accélération depuis 2022…