Dans les Ardennes, l’imprimerie familiale a lâché son ancien coeur de métier pour continuer d’exister. Passée au numérique, elle imprime des visuels pour les véhicules et est l’une des toutes premières à s’être lancée dans l’impression textile.
Diversifier son activité pour perdurer. C’est le choix qu’a fait Nancy Turquin en fondant l’imprimerie Fusion Graphic en 2017, dans les Ardennes, pour anticiper la crise du papier et sauver l’imprimerie familiale. A la tête de Turquin Impression depuis 1999, une imprimerie de labeur créée en 1964 à Charleville-Mézières par son père, la cheffe d’entreprise a senti le vent tourner dans les années 2010.
En 2017, elle rachète son partenaire commercial Stick Adhésif 08, un spécialiste du flocage de véhicules, et diversifie les formats d’impressions. Installé à Warcq, près de Charleville-Mézières, Fusion Graphic imprime aussi bien des cartes de visite, des dépliants et des magazines que des enseignes, des bâches, des visuels pour les véhicules et le textile. La nouvelle entreprise a abandonné l’imprimerie de labeur. La totalité de ses produits sont imprimés en numérique.
« Nous serions morts »
Alors que le marché français de l’imprimerie de labeur a diminué d’environ 15 % avec le recul du papier entre 2018 et 2023, Fusion Graphic a su préserver son chiffre d’affaires, 2,2 millions d’euros en 2023, grâce à son changement de stratégie . « Sans nos nouvelles activités, nous serions morts. Elles ont comblé le manque d’impressions papier qui déclinent sévèrement depuis 2020 », commente Nancy Turquin. Aujourd’hui, les « grands formats » (enseignes, bâches et flocage de véhicules) représentent 50 % de l’activité de l’entreprise et l’impression textile 30 %, quand l’impression papier n’en représente plus que 20 %.
Dans son usine de 2.500 mètres carrés, où travaillent 17 salariés, Fusion Graphic vient de lancer un plan d’investissement sur quatre ans pour élargir son d’offre. Entre 2024 et 2028, l’entreprise investira 300.000 euros dans des machines en pointe, qui proposeront différentes finitions – vernis, découpe – avec une meilleure qualité d’impression. Depuis 2022, l’imprimeur a déjà débloqué plusieurs enveloppes pour rénover son site des Ardennes. Au total, Fusion Graphic aura investi près d’un million d’euros entre 2022 et 2028.
L’objectif est désormais d’affiner les options pour personnaliser les impressions. Les clients, majoritairement des entreprises locales, peuvent construire leur communication graphique (couleurs, typographie, …) et, surtout, choisir leur format. « Lorsque nous avons ouvert l’atelier de textile en 2019, c’était la seule chose qui manquait pour servir nos clients à 360 degrés » explique la dirigeante. Sur place, l’imprimeur propose d’ailleurs les services de sa propre équipe de communication et de graphisme. A Warcq, depuis quelques semaines, Nancy Turquin est en train de passer le flambeau à ses enfants .
Lire : Les Echos du 24 février