Albin Serviant, issu de la French Tech et ayant déjà racheté « Têtu » et « Opéra Magazine », estime que ces titres qui ont des bases solides de fans se prêtent bien à un développement numérique. Son groupe I/O tutoie les 20 millions de chiffre d’affaires.
Après avoir racheté le magazine de la communauté LGBT « Têtu » en 2018 et « Opéra Magazine » en 2021, Albin Serviant, venu du monde des start-up (il a piloté la Founders Factory en France et a longtemps été installé à Londres où il avait lancé FrenchTech London), continue ses emplettes. Il est en négociations exclusives avancée pour racheter fin mai Ideat Editions, propriétaire des magazines « The Good Life » (lifestyle et business), « Ideat » (décoration, design) et « Dim Dam Dom » (« slow life »).
Sa société I/O Media, à laquelle il consacre désormais tout son temps et qui est soutenue par des business angels, tutoiera désormais les 20 millions d’euros de revenus (avec une diffusion de 100.000 numéros et 45.000 abonnés environ). Elle dégage un excédent brut d’exploitation, ce qui ne l’empêche pas d’accueillir régulièrement de nouveaux investisseurs, notamment Thibaud Elzière , à l’origine du start-up studio eFounders et impliqué dans le rachat d’Ideat, qui est bénéficiaire, note Albin Serviant.
Ideat bénéficiaire
L’idée de cette acquisition est un peu la même qu’avec les précédentes : à partir d’une base de lecteurs fans de magazines haut de gamme, soignés esthétiquement et potentiellement viables en eux-mêmes économiquement, le but est de développer les diversifications, en particulier sur le numérique, notamment pour se mettre à l’abri des aléas de l’industrie de la presse, comme la hausse très forte du papier en ce moment.
Avec Ideat, tout est à faire sur la Toile, les titres du groupe fondé par Laurent Blanc n’ayant pour l’instant qu’une vitrine numérique. Tant pour « The Good Life », inspiré du magazine « Monocle » de Tyler Brûlé et spécialisé dans le lifestyle des hommes et femmes d’affaires, que pour « Ideat », axé sur le design et la décoration, Albin Serviant estime qu’il y a « un boulevard » pour un développement numérique.
Il pense au développement des contenus vidéos, à des offres d’abonnement payantes et même à des marketplaces, les extensions e-commerce étant selon lui naturelles étant donné le pouvoir prescripteur de ces titres. Les efforts de développements Web seront mutualisés au niveau du groupe.
Relance de « Dim Dam Dom » en septembre
Beaucoup plus petit que les deux autres, « Dim Dam Dom » a quant à lui été « mis en stand-by » après quelques numéros par la crise sanitaire mais sera relancé le 30 septembre.
Pour le magazine « Têtu », Albin Serviant avait développé une activité BtoB formant les entreprises aux questions d’inclusivité et leur donnant accès à des débats, des dîners, etc. « Cela fonctionne très bien, cette activité et le ‘contenu de marque’ représentent les deux tiers des revenus du titre », explique le dirigeant. Il veut répliquer cette logique de club et d’événementiel pour « Opéra Magazine » dont il a par ailleurs créé un « spin-off » baptisé « Lyrik », toujours sur l’opéra mais à destination d’un public moins pointu ou élitiste.
Albin Serviant a réuni de nombreux investisseurs autour de son projet : Hervé Labeille, au début de l’aventure, Marc-Olivier Fogiel, Banijay, Sos Participations, Geoffrey La Rocca (DC Company), Thibaud Elzière, Fréderic Jousset… Son projet est par ailleurs soutenu par l’IFCIC, établissement de crédit financé par l’Etat et spécialisé dans le financement du secteur culturel. Il a d’autres acquisitions en discussion. Il était sur les rangs pour reprendre « Psychologies Magazine », racheté par Reworld Media.