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Hausse des prix du livre : le casse-tête des libraires et des éditeurs en période d’inflation

Ces derniers mois, de nombreux livres ont vu leurs tarifs augmenter et le lecteur se retrouve parfois à payer en caisse un prix supérieur à celui indiqué car les ouvrages ne sont pas toujours réétiquetés. Une pratique contraire à la loi. Saisi par le ministère de la Culture, le médiateur du livre vient de publier ses recommandations sur le sujet.

Si l’inflation des prix demeure modérée dans le secteur de l’édition, cette hausse n’en est pas moins une source de casse-tête pour les éditeurs, les distributeurs et les libraires . La raison ? Ces variations de tarifs concernent des millions d’exemplaires en volume et faute parfois d’un réétiquetage approprié, il arrive que le lecteur se retrouve à payer en caisse un prix supérieur à celui indiqué sur le livre en question.

Certes, ce problème concerne uniquement les ouvrages du fond des éditeurs puisque les nouveautés arrivant sur le marché bénéficient, elles, de fait du prix approprié. Pour autant, cette pratique est contraire à la loi. Le principe du prix unique du livre fixé par le législateur en 1981 s’accompagne en effet d’une obligation d’indication du tarif adéquate sur chaque exemplaire. Une situation à même de déclencher des actions de la Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

C’est dans ce contexte que le ministère de la Culture a saisi, il y a quelques semaines, le médiateur du livre – autorité en charge de la conciliation des litiges portant sur le prix du livre -, sur cette question épineuse. Celui-ci a publié jeudi ses recommandations sur le sujet. « Concernant tous les livres déjà en magasin, il n’y a pas d’autres solutions pour les libraires que de tous les réétiqueter, fait valoir Jean-Philippe Mochon, le médiateur du livre. C’est bien sûr une opération qui va prendre du temps et nous leur conseillons d’informer les clients par des affichettes dans leurs magasins en attendant », précise-t-il.

Un effet de rattrapage en 2022

« Le mouvement des modifications des prix concerne a minima 90.000 titres au cours des neuf derniers mois. S’agissant des librairies, l’observatoire du Syndicat de la librairie française, […] rapporte que 24 % des stocks des librairies indépendantes ont connu une augmentation de prix », peut-on ainsi lire dans l’avis du médiateur du livre.

« Les éditeurs et les organismes de diffusion-distribution vont aussi devoir faire des efforts. Car selon le cadre juridique en vigueur, c’est à eux qu’incombent de réétiqueter en amont les prix des livres, souligne Jean-Philippe Mochon. A l’issue de nos entretiens, ils étaient d’accord sur le principe. Mais cela signifie qu’ils vont devoir mettre en place de véritables capacités industrielles pour cela. Ce qui va avoir un coût et prendra du temps ».

Ce changement de pratique aurait des effets à long terme. Une nécessité selon le médiateur du livre. « En 2022, il y a eu un effet de rattrapage avec l’inflation et la crise du papier, d’autant plus que cela faisait des années que le prix des livres était stable, note Jean-Philippe Mochon. Mais étant donné le contexte économique, il n’est pas impossible que les hausses de prix se poursuivent et que tout cela se répète en 2023, voire les prochaines années. Il va y avoir une période transitoire assez longue, mais tous ces acteurs de la chaîne du livre ont conscience qu’ils doivent se réorganiser ». De son côté, la DGCCRF a accepté de laisser un peu de temps aux acteurs en attendant d’éventuellement sévir.

 

Lire : Les Echos du 16 février

 

Jean-Philippe Behr

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