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Google propose un milliard de dollars à la presse « de qualité »

En plein bras de fer avec la presse du monde entier qui lui demande une meilleure rémunération, Google lance officiellement une déclinaison de Google News, baptisée Showcase. Les éditeurs se montrent sceptiques et, en France, attendent surtout une décision de justice favorable le 8 octobre.

 

En plein bras de fer avec les éditeurs de presse du monde entier qui lui demandent de partager la valeur du trafic qu’ils génèrent sur ses services, Google annonce une initiative « de long terme » baptisée Google News Showcase et dotée d’1 milliard de dollars sur trois ans pour rémunérer les éditeurs qui « créent et organisent du contenu de grande qualité ».

 

L’idée, évoquée depuis l’été, est d’offrir des espaces dits « panneaux » dans Google News et bientôt sur le moteur de recherche Google à l’intérieur desquels certains médias pourront placer des informations et les mettre en valeur et seront rémunérés pour cela.

 

Ils sont près de 200 pour l’instant à avoir signé, notamment en Allemagne, dont le « Spiegel » et « Die Zeit », au Brésil et au Royaume-Uni. Des médias en Inde, en Belgique et aux Pays-Bas devraient suivre. C’est la somme facialement la plus importante proposée par Google pour l’industrie de l’information après son « Google News Intiative » de 2018, de 300 millions de dollars.

 

L’initiative est pour l’heure accueillie avec prudence, voire scepticisme, chez de nombreux éditeurs. « Je suis pragmatique : j’attends de voir ce que cela donne à l’échelle française et si cela se compare bien avec ce que nous avons évalué au titre du droit voisin », dit Louis Dreyfus, le patron du « Monde ». « Nous voulons un vrai partage de la valeur et ne plus dépendre de produits que Google peut décider de modifier ou d’abandonner un jour », dit de son côté Pierre Petillault, le directeur de l’Alliance de la presse d’information générale (Apig).

 

Pas sûr, donc, que les éditeurs de presse français goûtent l’anecdote d’enfance de Sundar Pichai, le patron de Google, sur la lecture des journaux avec son père et son grand-père au petit-déjeuner, qui ouvre le post de blog de son groupe présentant cette initiative. « Il y a quelques semaines, au tribunal, Google nous expliquait, comme il l’a fait en Australie, que la presse n’avait pas de valeur pour lui », ajoute Pierre Petillault.

En Europe, et en particulier en France, comme en Australie, les pouvoirs publics veulent que s’organise une rémunération obligatoire de la presse par le géant de l’Internet. Celui-ci freine des quatre fers. Il redoute de payer très cher si le modèle fait école dans tous les pays et considère qu’il n’a pas à dépenser un sou puisqu’il renvoie déjà 24 milliards de visites vers des sites d’information chaque mois.

 

Pour les éditeurs, le but de Google est de signer des accords ponctuels avec certains d’entre eux et de diviser leur front. « Les négociations sont totalement à l’arrêt dans l’Hexagone », dit un patron de presse.

 

La semaine prochaine va être cruciale en France. La Cour d’appel doit se prononcer jeudi 8 octobre sur une requête de Google tentant d’invalider une injonction de l’Autorité de la concurrence (AC) contre la firme américaine lui demandant de négocier « de bonne foi » avec les éditeurs une rémunération, comme l’exige une directive européenne transposée en droit français.

 

Si l’AC, qui doit se prononcer plus tard sur le fond au sujet de l’abus de position dominante éventuelle de Google, perdait, ce serait un coup dur pour la presse. Si elle gagne, les éditeurs espèrent qu’elle renforcera la pression sur Google, notamment avec des sanctions financières. L’Elysée pencherait pour la nomination d’un médiateur.

L’érosion des effectifs des médias s’accélère

 

L’érosion des effectifs des médias s’est accélérée cette année, en raison de la crise du Covid-19, selon une étude présentée jeudi aux Assises du journalisme de Tours.

Le nombre de journalistes titulaires de la carte de presse est tombé à 33.679 à la mi-2020, soit une baisse de 892 par rapport au 1er janvier, montre le baromètre social réalisé pour les Assises par le sociologue des médias Jean-Marie Charon, chercheur au CNRS et à l’IHESS.

 

En baisse constante depuis 11 ans, le nombre de journalistes en France a chuté au total de 9,9% sur cette période. Et la baisse enregistrée cette année est bien plus forte que la moyenne (-371), relève encore l’étude, qui s’appuie notamment sur les données de la commission paritaire chargée de délivrer la carte de presse, la CCIJP. (AFP)

 

Lire : Les Echos du 1er octobre

 

Jean-Philippe Behr

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