Quand il a fallu penser à qui nous expliquerait ces NFT qui agitent tant l’avant-garde de la création, Frédéric Montagnon s’est imposé naturellement. L’entrepreneur français, au track record éloquent (Overblog, Teads…), s’intéresse depuis longtemps à la blockchain. Son dernier projet Arianee propose aux marques un protocole décentralisé pour en explorer les promesses : créer de la rareté dans le digital, reprendre la main sur la relation client, se libérer des plateformes. Et il ne s’agit pas d’un seul sujet business, mais bel et bien d’une affaire de souveraineté et de privacy… Il le dit lui-même : sans doute en sa qualité d’ingénieur, Frédéric Montagnon aime à jeter des ponts entre technologies et industries. On appréciera aussi sa capacité à le faire de façon intelligible. Parlons-en donc – et simplement s’il vous plaît.
Pouvez-vous nous expliquer « simplement » le concept de NFT ?
Frédéric Montagnon : Le concept de NFT consiste à créer dans un univers digital un élément qui a un caractère unique et ne va pas pouvoir être copié. Dans le numérique, les fichiers se créent, se copient, se partagent en permanence – cela permet de diffuser du contenu à l’infini, presque sans coût. Mais sans rareté ou unicité, on se prive aussi de toute une partie du modèle économique et de la création de valeur en ligne. Les industries du divertissement ont tenté de régler ce problème avec des solutions à moitié physiques, souvent compliquées, des DRM, etc. mais les systèmes n’étaient pas faits pour ça. Aujourd’hui, l’univers de la crypto et de la blockchain permet de créer la rareté et les NFT l’unicité, grâce à leur caractère non fongible.
C’est le sens de l’abréviation : non-fungible token…
FM : Ou actif numérique non fongible (ndlr : non interchangeable), le terme consacré en français, qui représente bien l’idée de propriété. Pourquoi est-ce si important ? Parce que sans l’unicité, la notion de propriété n’existe pas, pas plus que ne peut exister la notion d’échange ou de transaction – à la base de toute économie.
Qui en est à l’origine ?
FM : Dans l’open source, c’est toujours difficile à dire. Je parlerais plutôt d’une évolution, à force de petites couches technologiques. J’ai découvert le principe il y a six ans, avec Rare Pepe, des cartes à collectionner Pepe The Frog, dans la plus pure tradition du web underground. Un système intégré, basé sur Bitcoin, permettant de voir les cartes produites, l’historique des transactions, etc. Avant cela, certains travaillaient déjà sur la “coloration” des coins, afin d’y apporter un peu de traçabilité, pour éviter le blanchiment d’argent notamment. Puis d’autres se sont mis à développer des applications business : Cryptokitties a cartonné en 2016. Dans ces initiatives, on distingue déjà la volonté de protéger le cadre des transactions et l’idée d’avoir de petits “collectibles”…