Le premier, âgé de 84 ans, a légué au second, trentenaire, sa passion pour les grandes presses typographiques et les linotypes. A deux, ils fournissent la maison Astier de Villatte en guides et beaux livres d’art.
« Des fêlés ». C’est ainsi que François Huin, le dernier imprimeur typographe de France à fabriquer encore des livres, parle de ceux qui se sont engagés dans la sauvegarde de son métier. Les « fêlés », ce sont Benoît Astier de Villatte et Ivan Pericoli. Le duo de la très parisienne maison Astier de Villatte, connue pour ses céramiques blanches et ses bougies parfumées, a en effet racheté la Société des ateliers et imprimeries graphiques (SAIG), l’imprimerie dirigée par François Huin, en 2015.
Le « fêlé », c’est aussi Jacques Boisselier, le trentenaire qui travaille ici depuis huit ans. « Il faut être un peu fou pour s’engager dans cette voie aujourd’hui, dans une société où il faut tout rentabiliser », constate l’imprimeur de 84 ans. « Fêlé », « fou », autrement dit amoureux du travail bien fait et peu soucieux du profit. François Huin a longtemps travaillé avec de grandes maisons d’édition comme Plon, Julliard, Belfond, et d’autres. « Puis, à la fin des années 1990, les actionnaires sont arrivés, il a fallu limiter les frais et j’ai été débarqué sans préambule. »
Avec le développement de l’impression offset et numérique, les ateliers comme la SAIG ont fermé les uns après les autres. Dans son entrepôt de l’Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne, la SAIG est l’une des dernières imprimeries au monde où l’on utilise encore de grandes presses…
Lire la suite : Le Monde du 11 mars