Éditeur sans œillères, à la curiosité littéraire insatiable, le petit-fils du créateur de la maison Albin Michel évoque soixante ans d’édition. De Pierre Benoit, son parrain, à Robert Sabatier, en passant par Amélie Nothomb et Melissa Da Costa.
Cependant que mon front, au Caucase pareil,/ Non content d’arrêter les rayons du soleil,/ Brave l’effort de la tempête./ Tout vous est Aquilon ; tout me semble Zéphyr.» Cela fait vingt minutes que l’on déjeune avec Francis Esménard, au Dôme, boulevard du Montparnasse, sa cantine depuis des années, et soudain, alors qu’il évoque son enfance, le voici qui récite d’une traite Le Chêne et le Roseau de Jean de La Fontaine. Sans hésitation, ni ostentation. Mais pas mécontent de son effet. Pas mécontent de montrer que, derrière l’apparence bourrue et la figure de négociateur madré, l’homme est bien plus raffiné qu’il voudrait le faire croire. Et bien plus nuancé aussi que le portrait en pied «d’éditeur réac» que certains font de lui…