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En France, l’industrie investit plus dans le numérique que dans d’autres pays

Les entreprises industrielles françaises investiraient environ 2 milliards d’euros de plus chaque année dans les logiciels que leurs concurrentes européennes, en moyenne. Le crédit d’impôt recherche et l’importance des multinationales dans l’économie tricolore expliqueraient en partie cet écart.

 

Selon l’étude de la Fabrique de l’industrie, 64 % des investissements de l’industrie françaises sont immatériels et 36 %, matériels. En Allemagne, la proportion est inversée : 51 % des investissements sont matériels et 49 %, immatériels.

 

C’est une question que se posent régulièrement les économistes :  pourquoi les entreprises françaises investissent-elles autant, et particulièrement dans les actifs que l’on appelle « immatériels » (logiciels, base de données, R & D ou propriété intellectuelle) ? L’industrie tricolore investit 25 % de sa valeur ajoutée contre 19 % pour son homologue allemande.

 

Dans une étude, la Fabrique de l’industrie, un groupe de réflexion proche du patronat, et l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), relativisent ces chiffres qui s’expliquent notamment par des différences de comptabilité des instituts nationaux de statistiques de part et d’autre du Rhin. En fait, les entreprises industrielles françaises investiraient environ 2 milliards d’euros de plus chaque année dans les logiciels que leurs homologues européennes en moyenne.

Des causes qui restent en débat

 

Difficile de dire pourquoi les Français investissent plus. Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, se demande s’il ne s’agit pas là d’une conséquence du crédit d’impôt recherche (CIR) qui représente plus de 6 milliards d’euros par an et dans lequel les entreprises peuvent intégrer des investissements en logiciels. Comme la localisation des actifs immatériels est difficile, il pourrait s’agir d’optimisation fiscale. Ou alors d’une simple préférence des industriels pour l’immatériel en raison de son coût réduit par le CIR.

 

Les experts de la Fabrique de l’industrie émettent, eux, l’hypothèse que cette différence découle de l’importance des grands groupes en France, ces derniers investissant souvent plus lourdement dans l’informatique que les entreprises de plus petite taille. L’investissement immatériel est même « très concentré au sein d’une poignée de gros investisseurs » dans l’industrie et est faible dans les entreprises plus petites ou celles qui sont faiblement présentes à l’international, selon l’étude.

Une hyperconcentration des investissements

 

Restent plusieurs constats : « Le profil type d’une entreprise qui investit dans l’immatériel est celui d’une entreprise appartenant à un groupe, exportatrice et importatrice, dont les investissements matériels sont élevés », selon les auteurs de l’étude. Cela est particulièrement vrai dans trois secteurs : les produits informatiques et électriques, les machines et équipements et les matériels de transports (automobile et aéronautique). A eux trois, ces secteurs d’activité concentrent 62 % des investissements immatériels de l’industrie française alors qu’ils représentent un quart de la valeur ajoutée de l’industrie.

 

Ainsi, « l’hyperconcentration de l’investissement immatériel suggère que la transformation du tissu industriel vers l’industrie 4.0 n’en est encore qu’à ses débuts et que l’effort d’investissements immatériels doit s’étendre à plus d’entreprises ». Il semble en effet que les PME françaises soient en retard dans ce domaine.

Pas d’amélioration de la compétitivité

 

Toutefois, pour l’instant, ce surcroît d’investissement immatériel ne se traduit pas par une amélioration de la compétitivité française. Pour Louis Gallois, l’ancien PDG d’Airbus, la raison est simple : « Entre 2017 et 2019, les capacités de production en France ont été quasiment saturées, ce qui n’a pas empêché la France d’afficher un déficit commercial de près de 60 milliards d’euros chaque année. Notre défi, c’est d’attirer des investissements productifs de la part d’entreprises françaises et étrangères », estime le président de la Fabrique de l’industrie. Selon l’étude de ce centre de réflexion, les deux tiers des investissements de l’industrie françaises sont immatériels et un tiers sont matériels. En Allemagne, seule la moitié des investissements sont immatériels.

 

Lire : Les Echos du 4 décembre

 

Jean-Philippe Behr

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