Des chercheurs internationaux ont cartographié l’effet isolant des massifs forestiers européens.
Un peu de fraîcheur en été, un froid moins mordant en hiver… Rien de tel qu’une promenade en forêt pour supporter les excès du climat. Mais au-delà de cette agréable sensation, combien de degrés perd-on réellement quand on se balade sous la canopée? Pour la première fois, une équipe internationale de chercheurs a cartographié l’effet isolant des massifs forestiers européens. Des travaux qu’ils publient cette semaine dans la revue scientifique Global Change Biology . Ils constatent ainsi que les forêts d’Europe refroidissent en moyenne l’air de 2,1°C en période estivale et maintiennent des températures de 2°C supérieures à celle de l’air ambiant pendant les mois de décembre, janvier et février.
Pour obtenir ces résultats, les scientifiques se sont servis d’une base de données (SoilTemp) rassemblant les relevés de divers capteurs de température à travers le monde sur la période 2000-2020. «On en a extrait les données de capteurs disposés dans les forêts européennes (à 15 cm du sol en moyenne), à un millier d’endroits notamment en France, en Suisse, en Norvège», explique Jonathan Lenoir, chercheur en écologie au CNRS à l’université de Picardie Jules-Verne et coauteur de l’étude.
Ils ont combiné ces données avec des images satellites permettant de localiser précisément les différents massifs forestiers, afin de créer une cartographie des températures de ces forêts avec une résolution inédite (à 25 mètres). Les chercheurs ont ensuite comparé ces températures aux données météorologiques classiques, issues de capteurs situés plus en hauteur, dans des lieux généralement très ouverts (comme à proximité des aérodromes). Le différentiel entre ce qui se passe au-dessus et au-dessous de la canopée peut parfois atteindre 8°C , selon leurs résultats. Le chercheur du CNRS cite notamment l’exemple de la forêt de Compiègne, dans l’Oise, où il fait en moyenne annuelle 3 degrés de moins sous le couvert forestier…
Jean-Philippe Behr
