A la tête du réseau de production, diffusion et distribution Interforum depuis 2014, Eric Lévy quitte le numéro deux français de l’édition. Cinq directions sont créées, ne reportant qu’à la direction générale, sur fond de synergies accrues avec la maison mère, Vivendi.
Directrice générale d’Editis, Michèle Benbunan souhaite réintégrer dans son périmètre d’action Interforum et mettre en place un éventail de synergies avec Vivendi via une nouvelle direction du développement.
Michèle Benbunan n’a pas perdu de temps. Arrivée le 30 septembre à la direction générale d’Editis, filiale du groupe Vivendi, il n’a pas fallu trois mois à cette responsable, spécialiste de la logistique, ex-PDG de Presstalis et ex-directrice de la branche services et opérations de Hachette Livre, pour repenser de façon radicale l’organisation du deuxième groupe d’édition français.
Vendredi, le conseil d’administration a remercié le numéro deux du groupe, Eric Lévy, directeur général d’Interforum depuis 2014, puis PDG à partir de 2016. Ce que certains pourront appeler une « révolution de palais »… même si le dirigeant, proche de Pierre Conte, prédécesseur de Michèle Benbunan, était sur la sellette depuis plusieurs mois.
Interforum, un « Etat dans l’Etat »
La nouvelle directrice générale a choisi de s’attaquer à l’« os » du groupe Editis : sa toute-puissante filiale Interforum, créée en 1961 sous l’impulsion de l’éditeur Robert Laffont pour optimiser la distribution de ses best-sellers. Numéro deux sur son secteur derrière Hachette Livre, Interforum « avait fini par faire figure d’Etat dans l’Etat », selon le mot d’un éditeur.
Un vrai « roc monolithique », selon les termes d’un autre observateur, assurant à la fois la production, la diffusion, la distribution et la commercialisation des livres publiés par la cinquantaine de maisons d’édition d’Editis (Plon, Robert Laffont, Julliard, Bouquins, Perrin…), mais aussi de plusieurs de ses concurrents.
Cinq directions rattachées à Michèle Benbunan
Selon nos informations, Michèle Benbunan souhaite ainsi réintégrer dans son périmètre d’action Interforum, en modernisant et en assouplissant son fonctionnement, tout en multipliant les synergies avec sa maison mère, Vivendi. Dans ce but, elle crée cinq directions, directement rattachées à la direction générale.
Une direction de la diffusion, confiée à Marie-Pierre Segouart, verra ainsi le jour, regroupant pour la première fois l’ensemble de la diffusion des livres francophones en France, Suisse, Belgique et Canada. Une autre direction, celle des opérations industrielles, rassemblera les activités de distribution et de fabrication. Elle a vocation à s’aligner sur les standards de rapidité, de fiabilité et de suivi en temps réel de la commande qu’ont imposés les grands acteurs de la distribution en ligne, Amazon en tête.
Sont aussi lancées : une direction des systèmes d’information et de la transformation, centrée sur le service aux éditeurs et aux clients… et surtout, maillon essentiel du nouveau dispositif, une direction du développement, véritable pont jeté entre Editis et Vivendi.
Mettre le pied sur l’accélérateur
C’était le souhait d’Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, au moment de l’acquisition d’Editis : multiplier les synergies avec les différentes filiales du groupe d’entertainment (Universal Music, Canal+, Havas, Gameloft, l’Olympia, le théâtre de l’OEuvre…).
Dix mois après l’intégration officielle d’Editis, les premières synergies semblent encore relativement modestes. D’où l’intention affichée par le numéro deux du secteur d’accélérer le mouvement en se rapprochant des éditeurs et des auteurs, via cette nouvelle direction. Il doit en découler des adaptations audiovisuelles de leurs oeuvres via Canal+, un suivi sur les réseaux sociaux des communautés nées autour de certains auteurs, ou encore la promotion de leurs oeuvres au théâtre de l’OEuvre ou à l’Olympia – comme cela a été le cas pour « White », le dernier roman de Bret Easton Ellis, et « Ne t’enfuis plus », de Harlan Coben.
Enfin, la cinquième direction sera centrée sur la relation entre Editis, ses partenaires éditeurs et les libraires, et confiée à Pascale Buet. Une manière de désamorcer la méfiance de certaines maisons d’édition à l’égard de toute démarche marketing semblant menacer l’intégrité des oeuvres publiées. Mais aussi le signe du resserrement de l’emprise de Vivendi sur Editis.
Lire : Les Echos du 10 décembre