Le groupe CMI (« Elle », « Marianne », etc.), propriété de Daniel Kretinsky, prête 14 millions d’euros au quotidien pour garantir son financement jusqu’à son retour à l’équilibre prévu en 2026. Parallèlement, le milliardaire tchèque injecte aussi 1 million dans le fonds de dotation qui possède le journal. Mais sans être au capital du titre de presse.
Il aura fallu deux mois de discussions très serrées, mais « Libération » a enfin trouvé les fonds qui doivent lui permettre de pérenniser son modèle économique. Le groupe CMI (« Elle », « Marianne »…), propriété du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky , prête 14 millions d’euros au quotidien pour garantir son financement jusqu’à son retour à l’équilibre prévu en 2026.
Concrètement, CMI souscrira à une obligation d’une durée de quatre ans émise par Presse Indépendante SAS, la société éditrice de « Libé », a annoncé Denis Olivennes, son président, dans une communication aux salariés. Daniel Kretinsky « a accepté de nous aider et de résoudre ainsi notre problème de financement sans avoir pour cela à modifier la structure d’indépendance capitalistique conçue par Altice il y a deux ans », a-t-il expliqué.
Pas d’entrée au capital
Traduction : le financement obligataire de Daniel Kretinsky n’est pas assorti de droit de conversion en actions pour entrer au capital de « Libé ». Mais, selon nos informations, l’accord trouvé permet à Daniel Kretinsky de limiter son exposition financière. Les fonds seront prêtés par tranches (dont une première de 3 millions d’euros en 2022) et CMI pourra exiger un taux d’intérêt plus élevé ou arrêter le financement si « Libé » s’écarte trop et durablement de la trajectoire prévue dans son plan d’affaires.
Parallèlement, une fondation du groupe énergétique EPH de Daniel Kretinsky va injecter 1 million d’euros sous forme de don dans le fonds de dotation qui contrôle « Libé » depuis 2020, quand Patrick Drahi avait décidé de se désengager du quotidien. Le renflouement grâce à l’intervention de Daniel Kretinsky est aujourd’hui nécessaire car le fonds de dotation a consommé la vingtaine de millions que Patrick Drahi y avait placés dans le but de donner une indépendance financière à « Libé ».
La composition du capital de « Libé » reste donc inchangée. Le fonds de dotation détient 99 % du holding Presse Indépendante SAS et Denis Olivennes le 1 % restant. Mais, dans le cadre de l’accord avec Daniel Kretinsky, la gouvernance est modifiée. Denis Olivennes aura désormais un droit de veto sur certaines décisions d’investissement.
Sur l’année 2021-2022, selon les données ACPM, la diffusion payée de « Libé » a été de 93.000 exemplaires par jour en moyenne, soit une progression de 11 % sur un an grâce aux ventes numériques. En juillet, la diffusion de « Libé » atteint même le seuil des 100.000 exemplaires, y compris 59.000 abonnements numériques. Mais le titre reste dans le rouge. En 2022, les pertes de « Libé » devraient finalement se situer entre 6 et 7 millions d’euros car le contexte est plus difficile que prévu du fait de la progression des prix du papier et de l’énergie, les effets de l’inflation sur la base de coûts et d’un marché publicitaire moins porteur.
Lire : Les Echos du 20 septembre