Le duel entre les milliardaires Xavier Niel et Rodolphe Saadé ne sera pas réglé avant l’automne 2022.
L’été sera long pour les huit cent cinquante salariés du groupe La Provence. Le processus de vente du journal marseillais, propriété de l’homme d’affaires Bernard Tapie, décédé le 3 octobre 2021, est pris dans les rets de procédures judiciaires à répétition et reste dépendant du duel auquel se livrent deux milliardaires déterminés à racheter l’entreprise. Sauf nouveau coup de théâtre, le combat entre Xavier Niel, fondateur de Free (et actionnaire à titre individuel du Monde), et Rodolphe Saadé, patron de l’armateur CMA-CGM, ne devrait pas se conclure, au mieux, avant l’automne.
Le tribunal de Bobigny, qui pilote la liquidation judiciaire du groupe Bernard Tapie (GBT), a prudemment renvoyé au 30 septembre 2022 sa décision sur l’offre déposée par le groupe maritime. Un horizon lointain dont les salariés savent déjà qu’il ne sera pas forcément synonyme d’épilogue. Ce qui génère leur inquiétude à l’heure où le groupe La Provence, qui publie également Corse-Matin, perd, selon différentes sources, entre 600 000 et un million d’euros par mois.
Sixième audience
Mercr edi 29 juin, dans le salon d’honneur du tribunal de commerce de Marseille, transformé en étuve par la canicule, le feuilleton a vécu sa sixième audience depuis l’appel d’offres. Il s’agissait de déterminer cette fois, si l’agrément donné par le conseil d’administration du groupe, le 9 mai 2022 au terme d’une séance rocambolesque, à l’offre CMA-CGM doit être annulé. Treize jours plus tôt, le même tribunal, saisi en référé par Avenir Développement, filiale de NJJ la holding de Xavier Niel, qui possède 11 % du capital du journal, avait suspendu cet agrément, estimant que les administrateurs représentant M.Niel avaient été privés de leur droit de vote de façon illicite.
« A chaque fois, on pense qu’on va vers un éclaircissement et à chaque fois, cela devient plus obscur et donne l’impression que la solution s’éloigne », s’étonne, désemparé, Jérôme Lorant, secrétaire du comité social et économique (CSE) de La Provence. Cette fois, le tribunal promet une décision rapide, pour le 21 juillet. Mais, gagnant ou débouté pourraient alors faire appel.
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