A la croissance organique du secteur du carton ondulé, en hausse de 10 % chaque année, les fabricants ont vu s’ajouter une augmentation de la consommation d’emballage liée au premier confinement et au boom parallèle du e-commerce.
Les fabricants de carton sont comme les lutins du Père Noël, ils travaillent toute l’année pour préparer les fêtes. Et 2020 devrait être une édition particulièrement riche en commandes pour eux. La pandémie de coronavirus et le nouveau confinement font la part belle au e-commerce, au grand dam des magasins physiques. Or qui dit vente en ligne, dit livraison de colis qui arrivent emballés dans du carton ondulé.
Cette année, tous les ingrédients sont réunis pour une explosion de la demande en emballages. « C’est une fusée à trois étages, explique Yann Blanc, directeur commercial et innovation de DS Smith France. D’abord, celui de la période la plus forte pour les e-commerçants, de mi-novembre à Noël, en passant par le Black Friday. Elle compte pour 20 % des ventes de l’année. Ensuite, il y a la croissance organique du secteur, en progression de 10 % depuis plusieurs années. Enfin, il y a le reconfinement. »
6 millions d’emballages en plus
DS Smith, un des leaders en France du carton ondulé, table dès lors sur une demande en hausse de 20 à 25 % sur un an. Soit environ 6 millions d’emballages en plus par rapport à 2019, sur la seule période des fêtes de fin d’année.
Des chiffres confirmés par la tendance observée lors du premier confinement.« Nous avons constaté au printemps une hausse de 25 % de la demande en carton ondulé pour l’e-commerce », affirme Jean-Christophe Bugeon. Pour le PDG de Smurfit Kappa France, l’autre géant de l’emballage dans l’Hexagone, « cela représente un boom très fort, même s’il faut relativiser car la grande majorité de la consommation de cartons ondulés reste le fait des industriels ».
Un secteur autosuffisant
Il n’empêche, l’explosion des ventes en ligne représente un défi pour les fabricants d’emballages. « Nos clients ne stockent pas beaucoup de carton ondulé car c’est volumineux. Nous fonctionnons dans un système à flux tendu », explique Jean-Christophe Bugeon. Pour assurer l’approvisionnement en emballages des grandes plateformes d’e-commerce avec lesquelles il travaille, Smurfit Kappa compte sur ses 40 usines, réparties sur tout le territoire français, et ses 5.500 employés. Les équipements du fabricant lui permettent également d’assumer des variations de charge.
Comme son concurrent, DS Smith (une trentaine d’usines en France et 4.000 collaborateurs) est totalement autosuffisant sur la matière première. « Nous sommes complètement intégrés : on récupère le vieux papier, on le recycle et on en produit à nouveau. A partir de cela, le carton ondulé est fabriqué », décrit Yann Blanc. De la sorte, le fabricant ne craint aucun risque de pénurie.
Pour ne pas être pris au dépourvu, DS Smith a réalisé pendant l’été de mini-stocks sur les produits les plus demandés par ses clients. Il s’agit de la caisse en carton ondulé classique, celle utilisée par exemple lors des déménagements. Mais aussi des enveloppes renforcées, notamment pour expédier des livres.
Des cartons personnalisés
Amazon, CDiscount et consorts ne sont toutefois pas les seuls consommateurs d’emballages. Bon gré mal gré, les commerces traditionnels et autres petits magasins se sont également mis à la vente en ligne et ont des besoins souvent très spécifiques. Pour y répondre, les fabricants de carton ondulé ont mis en place des solutions, parfois digitalisées, afin de les aider à concevoir les produits les mieux adaptés.
« L’emballage est le premier contact physique entre le site de vente en ligne et le consommateur », rappelle Jean-Christophe Bugeon. Les fabricants travaillent alors beaucoup avec leurs clients sur cette expérience : que ce soit la personnalisation du carton, la mise en place de solution d’ouverture et de fermeture facile, pour le renvoi notamment. Ainsi que des systèmes anti-intrusion pour faire face à la recrudescence des colis qui arrivent déjà ouverts.
Les fabricants doivent également faire face à une problématique d’autant plus importante que le nombre d’emballages augmente : la réduction du vide dans les colis.« On estime qu’il y a 43 % d’espace inutilisé dans les cartons en moyenne », relève Yann Blanc de DS Smith. Pour éviter que des camions transportent de l’air sur les routes, les spécialistes de l’emballage proposent à leur client d’évaluer leur panel de produits expédiés afin de déterminer la taille de carton la mieux appropriée.
Lire : Les Echos du 9 novembre