Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne, travaille à se constituer un nouvel arsenal de taille à s’attaquer aux géants du numérique.
Pour les géants d’internet, l’orage gronde sur les deux rives de l’Atlantique. Piqué au vif après avoir été épinglé par Twitter, le président américain s’est juré de remettre en cause le statut juridique ultrafavorable des réseaux sociaux. Côté européen, le gros temps prend la forme d’une double offensive pour responsabiliser les réseaux sociaux tout en les empêchant de transformer en monopole, les uns après les autres, les différents marchés où ils sont présents.
Margrethe Vestager, la très puissante vice-présidente de la Commission européenne, travaille à se constituer un nouvel arsenal de taille à s’attaquer aux Gafa. Après un mandat comme commissaire en charge de la Concurrence sous la précédente Commission Juncker, la Danoise a pu constater la limite des outils existant pour empêcher les géants du numérique de s’étendre d’un marché à l’autre grâce à leur force de frappe inédite et aux facilités offertes aux plus gros par l’économie numérique. Les amendes de plusieurs milliards d’euros ne sont que des cailloux dans leur chaussure. Enfin, les Gafa vont trop vite pour les procédures habituelles, a-t-elle conclu.
«À la suite de plaintes, nous avons ouvert des enquêtes sur des cas spécifiques, contre Google, Apple, Facebook, Amazon, rappelle Margrethe Vestager lors d’un entretien avec Le Figaro. Nous demeurons vigilants. Mais nous voyons bien que cela ne suffit pas.» Dans un rapport remis l’année dernière à la Commission européenne, d’éminents économistes et juristes ont enfoncé le clou: «Il est raisonnable de craindre que les entreprises numériques dominantes ont de fortes incitations à se comporter de façon anti-compétitives.» Bref, la politique de la concurrence doit elle aussi se montrer plus agile, voire plus brutale…
Lire la suite : Le Figaro du 30/5/20 page 30