Le groupe dirigé par Mark Zuckerberg a lancé cet été l’implémentation des NFT sur Instagram et Facebook dans plus de 100 pays. Face à l’éclosion d’une nouvelle économie pour les créateurs de contenus, Meta ambitionne de devenir incontournable sur le shopping 3.0.
Dans son virage brutal vers le métavers, Meta ajoute l’intégration des NFT à son portefeuille de réseaux sociaux. Après Instagram, le groupe dirigé par Mark Zuckerberg a présenté l’intégration des NFT sur le réseau social Facebook dans plus de 100 pays, mais pas encore en France. Les nouvelles fonctionnalités permettent aux utilisateurs de connecter un « wallet », un portefeuille numérique sur lequel sont stockés des actifs numériques, pour partager un NFT sur le réseau social.
Une fois affiché en « story » ou publié sur le fil d’Instagram ou Facebook, le NFT apparaît en surbrillance avec des informations sur les caractéristiques du NFT. Le créateur ou le collectionneur à l’origine du NFT peut également être identifié. Les wallets Rainbow, MetaMask, Trust Wallet, Coinbase Wallet et Dapper Wallet sont pour le moment les seuls pris en charge par Meta. Ethereum, Polygon et Flow sont les blockchains sur lesquelles les collections de NFT sont acceptées.
Monétisation
D’autres concurrents de Meta sur le marché des réseaux sociaux, comme Twitter ou Reddit expérimentent déjà les NFT sur leurs plateformes. Depuis janvier dernier, le réseau à l’oiseau bleu fondé par le très « crypto-friendly » Jack Dorsey, permet par exemple aux utilisateurs de vérifier leur NFT afin de les transformer en photo de profil. La PDG de YouTube, Susan Wojcicki, a également suggéré dans sa feuille de route pour l’année 2022 que la plate-forme pourrait adopter les technologies Web3, y compris les NFT, comme moyen d’aider les créateurs de YouTube à gagner de l’argent.
« Alors que le groupe est bousculé par de nouveaux acteurs comme TikTok, se lancer dans les NFT pour Meta est un moyen de se positionner comme un acteur à part entière du Web3, face à un concurrent comme Twitter par exemple, qui dispose déjà d’une communauté d’utilisateurs avertis sur ces sujets » explique Florie Valton, planneuse stratégique chez We Are Social, une agence spécialisée sur les stratégies des médias sociaux.
Depuis son changement de nom de marque en Meta, symbole par excellence de son virage vers le Web3, l e groupe réalise d’énormes investissements pour s’imposer comme un futur leader du secteur du métavers. Et dans l’avenir des interactions sociales imaginées par Mark Zuckerberg, les NFT font partie intégrante de sa stratégie de revenus.
« Grâce à l’incroyable opportunité de la technologie blockchain, les créateurs peuvent désormais tirer parti de nouveaux outils pour gagner un revenu, et les fans peuvent soutenir leurs créateurs préférés en achetant des objets de collection numériques – art, images et vidéos, musique ou cartes à collectionner – sous forme de jetons non fongibles (NFT) » a ainsi détaillé le groupe lors du lancement de cette fonctionnalité sur Instagram.
Métavers
Alors que le groupe de Menlo Park travaillerait déjà à l’élaboration de sa propre plateforme d’échange de jetons numériques, Meta a présenté sa feuille de route pour faire de ses applications de véritables foires aux créateurs numériques.
Dans un article de blog publié en avril dernier, le groupe a expliqué qu’il mettra à disposition des outils pour que les créateurs conçoivent et vendent des articles numériques pour les utiliser dans le métavers. Meta planche également sur NFT accessibles des dispositifs de réalité augmentée qui pourront être utilisés dans les stories d’Instagram grâce à Spark AR, la plateforme logicielle de réalité augmentée développées par le groupe.
Un designer pourrait par exemple vendre un accessoire de mode que les utilisateurs pourraient attacher à leurs avatars ou un créateur mettra en ligne des objets de décoration pour son appartement virtuel. Contre un pourcentage pour Meta.
Si la plupart des places de marchés NFT prennent rarement plus de 5 % sur chaque transaction, le groupe a indiqué qu’il prélèverait 47,5 % sur toutes les ventes. Mais face aux craintes suscitées par cette monétisation, Mark Zuckerberg a ensuite tempéré son propos en expliquant que les plateformes Instagram et Facebook ne prélèveraient pas de pourcentage sur les créations avant 2024.
Commerce électronique
« L’idée est de court-circuiter les plateformes d’échange de NFT comme OpenSea ou Rarible, qui si elles sont dominantes pour le moment, et sont encore loin d’être connues du grand public », estime Florie Valton. A l’inverse d’Instagram ou Facebook qui totalisent près de 3 milliards d’utilisateurs dans le monde.
Des réseaux sociaux qui se sont transformés en gigantesques centres commerciaux virtuels pour aussi bien y acheter des t-shirts, une gourde ou une paire de chaussures. En 2022, plus de 130 millions de personnes par mois ont en moyenne cliqué sur un article mis en ligne sur Instagram, selon les chiffres du groupe.
Lors de la présentation du métavers Horizon Worlds en avril dernier, le patron de Facebook a expliqué que « la possibilité de vendre des objets virtuels et d’accéder à des objets à l’intérieur des mondes est une nouvelle partie de l’équation globale du commerce électronique ». Un commerce du futur dans lequel Mark Zuckerberg entend bien s’imposer.
Lire : Les Echos du 6 septembre