CCFI

Comment l’imprimerie Geistel reprend vie après 70 ans de silence

Cet été, « Les Echos » vous emmènent à la découverte du monde du livre de la capitale alsacienne, désignée « Capitale mondiale du livre » pour 2024. La ville, réputée pour le rôle qu’y a joué Gutenberg au XVe siècle, a connu toutes les évolutions du métier d’imprimeur. Une association locale vient d’hériter du patrimoine industriel d’une ancienne imprimerie lithographique, technique inventée à la toute fin du XVIIIe siècle.

C’est une maison qui ne paie pas de mine, dans une rue latérale du quartier de Cronenbourg à l’ouest de Strasbourg (Bas-Rhin). Un détail, pourtant, dénote : la porte principale, qui donne sur un jardin désordonné par le temps, est estampillée « bureau ». Pour cause, seul l’étage de la bâtisse était habité jusqu’au printemps 2023 et le décès de l’ancienne propriétaire des lieux, Eugénie Geistel. Au rez-de-chaussée se trouve un trésor patrimonial hérité de son père, Joseph Geistel, imprimeur lithographe installé ici de 1927 à 1952, période durant laquelle la plupart des imprimeurs passaient à l’offset pour poursuivre leur activité. Il s’agit de tout son outil de production, comptant entre autres trois presses, 1.596 pierres matrices en calcaire alignées sur des étagères en bois et plus de 180 grandes pierres d’impression. Mais aussi des archives, comme les livres d’embauche et les bons à tirer. Une association de passionnés d’imprimerie, l’Espace Européen Gutenberg, en a hérité en septembre dernier grâce à un fonds de dotation dédié et cherche, depuis, à le valoriser.

L’entreprise employant une douzaine de personnes n’était, pour le coup, pas spécialisée dans les livres mais dans les étiquettes et les publicités. Les matrices laissent entrevoir la qualité de sa clientèle, par exemple l’ancien numéro 1 tricolore du bonbon, Becco, placé en liquidation judiciaire il y a bientôt trente ans, ou encore Emaillerie alsacienne , une société qui est, elle, toujours en activité.

Machines abritées

Le dernier projet apparent était une affiche pour le bal des conscrits de la classe 1952. « Je pense que cette pierre n’a même pas été imprimée », avance Alain Hurstel, bénévole de l’Espace Européen Gutenberg et président du fonds Geistel, lui-même lithographe à Hohfrankenheim (Bas-Rhin). De la fermeture de l’usine à son entrée dans le giron de l’association, ses trois machines motorisées, de facture allemande, ont été soigneusement abritées sous des bâches. Ses rouleaux en cuir ont peut-être même été changés, tant ils paraissaient neufs aux bénévoles en les découvrant. De fait, l’outil de production est en état de fonctionnement et tout semble en place comme pour démarrer la production industrielle du jour.

Sous réserve de trouver les fonds nécessaires au projet, l’association voudrait faire de l’endroit un musée, mais aussi ouvrir un atelier de lithographie artistique permettant d’initier le public à cette pratique du dessin sur pierre voire d’accueillir des résidences d’artistes. « Dessiner sur la pierre se fait de la même manière que l’on dessine sur du papier », souligne Alain Hurstel, qui évoque encore l’idée de relier en un « axe rhénan » cet atelier à d’autres sites en Alsace, de Wissembourg (Bas-Rhin) à Altkirch (Haut-Rhin).

 

Comment fonctionne l’impression lithographique

Le motif à imprimer est dessiné sur la pierre avec une encre grasse. La pierre passe dans la machine entre deux rouleaux, l’un encreur, l’autre mouillé pour humidifier la pierre. L’eau repousse l’encre, qui s’accroche sur les parties grasses et, ainsi, imprime le motif.

 

Lire : Les Echos du 30 août

 

Jean-Philippe Behr

Nos partenaires

Demande d’adhésion à la CCFI

Archives

Connexion

Vous n'êtes pas connecté.

Demande d’adhésion à la CCFI