Non conçu pour cette activité, notre cerveau se modifie en profondeur pour s’y adonner… et il en tire de nombreux bénéfices secondaires!
Nos ancêtres parlaient, marchaient, peignaient… mais ils ne lisaient pas. À sa naissance, aucun bébé n’a d’ailleurs d’aires cérébrales dédiées à la lecture. «Au fur et à mesure que nous apprenons à lire, des régions et le câblage qui les relie, dont ce n’était pas la fonction première, se modifient pour permettre cette nouvelle compétence», explique le Pr Laurent Cohen (Institut du cerveau et de la moelle épinière, Paris), auteur du livre Le Parfum du rouge et la couleur du Z (Odile Jacob).
L’information part du système visuel (ou des réseaux du toucher pour ceux qui lisent en braille) pour aller vers une sorte de «boîte à lettres» située dans le cortex occipito-temporal gauche. Quand on apprend à lire, cette région se spécialise dans la reconnaissance des lettres. Des routes de l’information conduisent les lettres vers les zones du langage, réparties dans l’hémisphère gauche ; les lettres donnent alors accès aux sons et aux significations des mots. Et ces routes se modifient lors de l’apprentissage de la lecture: «Les fibres sont mieux organisées chez les personnes qui ont appris à lire que chez les personnes illettrées», note le Pr Cohen….