Les États-Unis connaissent depuis plusieurs mois une vague de tentatives de censure sans précédent, qui implique désormais des personnalités politiques, en campagne ou non. Accusés d’être immoraux ou pornographiques, des livres sont pointés du doigt, et parfois retirés des collections de bibliothèques scolaires : nombre d’entre eux évoquent les expériences de personnes issues de la diversité ou se rattachant à la communauté LGBTQIA+. Deborah Caldwell-Stone, directrice du bureau de la liberté intellectuelle de l’Association des bibliothèques américaines (American Library Association, ALA) revient avec nous sur cette inquiétante situation.
ActuaLitté : Comment l’Association des bibliothèques américaines explique-t-elle cette vague de censure qui touche les États-Unis, en 2021 ?
Deborah Caldwell-Stone : Nous assistons ici aux effets d’une campagne informelle, menée par plusieurs groupes partisans qui s’en prennent aux livres relatant les expériences de personnes LGBTQIA, noires, autochtones et issues de la diversité, pour les censurer. Leurs tentatives de censurer des livres sont désormais amplifiées par les réseaux sociaux et certains sites internet.
Le nombre de tentatives de censure n’a jamais été aussi élevé, en mes 20 ans de service au sein de l’ALA. Nous faisons face à une plus grande mobilisation de diverses organisations au sein des communautés locales. Ils encouragent leurs partisans à se rendre aux réunions des conseils d’administration scolaires pour pointer du doigt des livres. Leurs cibles sont généralement des ouvrages aux thématiques LGBTQIA et des livres sur le racisme…