Plus grand espace d’Europe consacré aux arts graphiques, l’Atelier Musée de l’Imprimerie propose sur une surface de 5.000 m2 un incroyable voyage dans le temps, de la découverte de la presse mécanique en 1450 par le suisse Johannes Gutenberg aux moyens modernes d’impression. A la clé, machines, affiches, objets, ateliers pratiques et conférences. Passionnant.
Ouvert au public à l’automne 2018, l’AMI aurait déjà reçu quelque 22.000 visiteurs en neuf mois. Ces bons résultats de fréquentation dans la petite commune de Malesherbes, perdue au cœur de la Beauce, s’expliquent par la richesse de ce musée unique à l’échelle européenne.
Organisé en trois avenues, le musée offre une visite thématique des principaux secteurs de l’imprimerie : la presse, le livre, les emballages et le textile. Sur chacune d’entre elles, une frise thématique permet d’appréhender évolution et progrès avec outils et réalisations d’époque.
Retracée au travers de journaux d’époque et de fac-similés, la saga de la presse est à la fois esthétique et pédagogique. Idem pour l’édition de livre, dont on voit les progrès accomplis depuis le 15e siècle. 1450 est la date de l’invention des caractères d’imprimerie par Johannes Gutenberg, qui allait permettre l’accessibilité de la connaissance, auparavant détenue par les moines copistes. L’histoire des procédés d’impression des prospectus et emballages publicitaires, mais aussi des disques vinyle et du textile imprimé, est également passée en revue.
Au centre de l’AMI, figure enfin une succession impressionnante de machines d’impression, dont les plus anciennes datent du démarrage de l’imprimerie. Pas moins de 150 sont exposées avec des pièces inestimables comme cette rotative datant de 1900 qui imprimait le quotidien écossais The Lothian Courier. La visite de l’AMI est complétée pour les jeunes publics par un grand nombre d’ateliers pratiques. Fabrication de papier, composition de textes, reliure, brochage constituent ainsi quelques-unes des activités proposées. Les adultes de leur côté ont à disposition l’Expresso Book Machine donnant la possibilité de réaliser des tirages limités de livres à la demande (sagas familiales, journaux intimes, etc.).
20 ans de gestation
Il aura fallu près deux décennies à Jean-Paul Maury, Pdg du premier groupe éponyme d’impression de magazines français basé à Malesherbes, pour concrétiser son projet de musée de l’imprimerie. Tout a démarré de la succession du parc d’anciennes machines de l’imprimeur italien Pozzoni (*). En 1999, sa veuve propose à Jean-Paul Maury l’acquisition de la collection à l’association Artegraf. Cette dernière est imposante puisqu’elle ne compte pas moins de 150 machines d’impression et un millier de pièces de collection.
L’association, composée de cadres et retraités de l’imprimerie, a pour vocation la défense et la promotion des arts graphiques, mais n’a pas les moyens de réaliser une acquisition aussi coûteuse. Artegraf fait donc appel à l’un de ses membres encore en activité, Jean Paul Maury. Très attaché à la conservation du patrimoine de l’imprimerie, cet Aveyronnais, lui-même héritier d’une famille d’imprimeur depuis 1850, se laisse tenter par une telle aventure. Le chef d’entreprise dit banco et rachète la collection Pozzoni.
« Les vendeurs ont débarqué un samedi matin dans mon bureau, se souvient Jean-Paul Maury. Je me suis dit que la collection, basée à l’époque en Normandie dans un hangar, devait rester en France ».
Reste à trouver le lieu pour créer un conservatoire des arts graphiques ouvert à tous. Après une tentative vaine auprès de la mairie de Malesherbes qui finira par construire un gymnase à la place du musée, le patron du groupe Maury rachète en 2010 un ancien bâtiment industriel auprès du papetier Arjomari. Il faudra encore huit ans pour parvenir à un résultat professionnel, parfaitement ordonné et capable d’accueillir du public. Après le recrutement du muséologue Jean-Marc Providence en 2014, ancien directeur des expositions de la cité des sciences de La Villette, le chantier de l’AMI est lancé pour un investissement total de six millions d’euros, dont 1,1 million d’euros sous forme de subvention des collectivités.
Équipe de 12 permanents
De fait, l’AMI tire aujourd’hui le développement du lord du Loiret grâce à son attractivité. Ses douze permanents sont à la manœuvre pour attirer le public. Au programme de 2020, plusieurs expositions temporaires au second semestre qui devraient booster la fréquentation. En avril, le Temps des vinyles table de façon ambitieuse sur 50 000 visiteurs. Une autre exposition centrée elle sur le football vise un objectif similaire. Au printemps prochain, L’AMI ouvrira par ailleurs un auditorium de 340 places afin d’accroître son pan événementiel et ses espaces d’expositions non récurrentes. Avec 500 000 euros de chiffre d’affaires escomptés pour sa première année d’exploitation, le nouveau musée de l’imprimerie du Loiret vise l’équilibre d’ici deux ans.