Comment une information incomplète nous conduit à une perception erronée, qu’il s’agisse de résultats scientifiques ou de représentation sociale
En octobre, le directeur de l’école de mon fils commençait chaque réunion en affichant le classement de la Premier League, avec Tottenham Hotspur en tête. (Mon fils, fan d’Arsenal, le rival local de Tottenham, était outré.) Ceux qui connaissent le football anglais savent que Tottenham a été en tête du championnat pendant une bonne partie du mois d’octobre, mais il faut avoir la mémoire longue pour se souvenir de la dernière fois où les Spurs ont terminé la saison à cette position. C’était en 1961.
Un biais classique dans les publications scientifiques
Pourtant, il ne faut pas grand-chose pour créer un univers alternatif dans lequel les Spurs [surnom de l’équipe de Tottenham, ndt] seraient imbattables. Il suffit de faire comme ce directeur : quand Tottenham gagne, afficher le classement, quand il ne gagne pas, rester tranquille et ne rien faire. Récemment, le chef d’établissement était tranquille. Ce comportement a un nom : le biais de publication. Personne ne sera jamais trompé par une réunion d’école insensée et ne croira que Tottenham va gagner la Premier League. Mais dans d’autres contextes, le biais de publication est une affaire sérieuse.
Lorsque nous essayons de comprendre le monde, il est important de faire systématiquement la différence entre les informations qui nous sont présentées et celles qui sont occultées. Nous sommes entourés d’images et d’idées qui ont été passées au travers du filtre trompeur du biais de publication et, contrairement aux jeunes fans de football qui savent que les Spurs ne gagnent guère de trophées, nous n’avons en général pas les connaissances de base nécessaires pour tirer les bonnes conclusions…